Des projets chinois pour exploiter le sol riche en bauxite font polémique dans l’est du Ghana. À Kyebi, région d’origine du président Nana Akufo-Addo, qui abrite une réserve de biodiversité exceptionnelle, les défenseurs de l’environnement s’inquiètent.
Selon des associations locales, de nombreuses espèces menacées de primates, pangolins, oiseaux et papillons rares peuplent la réserve. Mais sous la végétation tropicale, la réserve abrite aussi un important gisement de bauxite, très convoité, qui donne à la terre sa teinte rouge et constitue un élément essentiel dans la production d’aluminium.
La Chine a promis au Ghana des milliards de dollars d’investissements d’infrastructures en échange de contrats miniers pour exploiter la bauxite du pays, souligne l’AFP. Accra dit promouvoir une politique « de commerce, pas d’assistance ». Mais beaucoup s’inquiètent de voir les forêts comme celle d’Atewa bradées à des sociétés peu soucieuses de l’impact environnemental.
Le chef de l’État s’est, certes, engagé à protéger la réserve d’Atewa. Une équipe de gardes forestiers et de bénévoles armés de machettes patrouille dans la réserve pour lutter contre le braconnage et l’exploitation illégale de bois.
Selon les défenseurs de l’environnement, le sol porte encore les stigmates d’anciennes mines d’orpaillage artisanal fermées par les autorités. Et l’exploitation de la bauxite représente une menace encore plus importante car des pans entiers de forêts seront alors rasés et les trous profonds creusés par les pelleteuses abimeront durablement les sols. « Si la forêt disparait, tous ces animaux perdront leur habitat », affirme Emmanuel Akom, chef de projet pour l’ONG A Rocha à Kyebi, la principale ville près de la réserve.
Les convoitises autour de la bauxite ne sont pas nouvelles dans la région, où plusieurs sociétés ont tenté de s’implanter depuis une dizaine d’années. En 2008, le géant de l’aluminium Alcoa et la société d’État ghanéenne Volta Aluminium Company Ltd (Valco) sont venus forer dans les collines pour prélever des échantillons, raconte Prince Amankwa, un habitant d’Asikam, un des 50 villages entourant la réserve. Dix ans plus tard, les prélèvements reposent encore dans une cabane du village, suite à l’abandon du projet controversé.