La journée du lundi 20 aout, coïncidant avec la commémoration de la fête de la révolution du Roi et du peuple au Maroc, marque un nouveau tournant dans la politique de réforme mener par le Roi Mohammed VI. Avec de nouvelles nominations dans des postes stratégiques ainsi que l’adoption d’un nouveau cadre législatif instaurant le service militaire, le Roi a ratissé large cette fois.
Du nouveau dans le gouvernement
Depuis sa nomination en avril 2017, le gouvernement présidé par Saad Eddine El Othmani (Parti de la Justice et du Développement) a connu de multiples changement. En effet après le limogeage de cinq ministres en octobre 2017 et leur remplacement en janvier 2018, le Roi Mohammed VI avait mis fin aux fonctions de son ministre des finances, Mohamed Bousaid (parti du Rassemblement national des indépendants) au lendemain de la fête du trône, le 1er aout dernier.
Moins de vingt jours après, le Souverain vient de mettre fin aux spéculations de la presse autour du nom du nouveau ministre de l’économie et des finances. En effet, avant d’adresser son discours annuel du 20 août au peuple, un communiqué du cabinet royal annonçait la nomination du PDG de la Banque Centrale Populaire (BCP) à la tête du département. « Conformément aux dispositions de l’article 47 de la constitution, et sur proposition du Chef du gouvernement, SM le Roi Mohammed VI, que Dieu L’assiste, a reçu ce lundi au Palais royal à Rabat M. Mohamed Benchaaboun que le Souverain a nommé ministre de l’Économie et des Finances » lit-on sur le communiqué
L’arrivée de l’ancien banquier aux finances de l’État n’est pas le seul changement opéré au niveau de l’Exécutif en cette période de fête. En effet, la secrétaire d’État chargée de l’Eau auprès du ministère de l’Équipement, du Transport, de la Logistique et de l’Eau, Charafat Afilal (parti du progrès et du socialisme), s’est retrouvé sans aucune fonction au sein du gouvernement. Le communiqué du Cabinet Royal indique que le Roi « a bien voulu donner son approbation à la proposition du Chef du gouvernement portant sur la suppression du secrétariat d’État chargé de l’Eau auprès du ministère de l’Équipement, du Transport, de la Logistique et de l’Eau et le transfert et l’intégration de toutes ses attributions au sein des structures et prérogatives de ce ministère tout en œuvrant à la révision de son organigramme ».
Un nouveau souffle pour la diplomatie
Présidant un conseil des ministres quelques heures seulement avant son discours habituel du 20 août, le Roi Mohammed VI a confirmé les nouvelles orientations stratégiques de sa diplomatie. En effet, le rapprochement annoncé depuis quelques mois avec l’Afrique du Sud s’est confirmé à travers la nomination de l’un des ténors de la diplomatie marocaine en tant qu’ambassadeur à Pretoria. Selon un communiqué publié à l’issue de cette réunion du Conseil des ministres, c’est l’ancien ministre délégué aux affaires étrangères et actuel chargé de mission au cabinet Royal, Youssef El Amrani, qui présidera la délégation diplomatique marocaine dans ce pays.
Le Souverain a nommé également de nouveaux ambassadeurs auprès de certains pays amis du Maroc tels que le Qatar et la Turquie. Plus dans les détails, le communiqué du cabinet royal annonce des noms comme Mme Zouhour Alaoui, ambassadeur de Sa Majesté le Roi en Allemagne, M. Mohamed Ali Lazrak, ambassadeur de Sa Majesté le Roi en Turquie, M. Mohamed Setri, ambassadeur de Sa Majesté le Roi au Qatar ou M. Lotfi Bouchaara, ambassadeur de Sa Majesté le Roi en Russie.
Vers plus d’encadrement des jeunes
Consacrant tout son discours du 20 août aux jeunes et à leur encadrement, le Roi Mohammed VI a donné son feu vert pour l’adoption, en conseil des ministres, du projet de loi n 44.18 relatif au service militaire. Selon l’agence de presse officielle du Maroc (MAP), ledit projet « dispose qu’en vertu des dispositions de l’article 38 de la Constitution, les citoyennes et citoyens contribuent à la défense de la patrie et de son intégrité territoriale. À cet effet, ils sont assujettis au service militaire conformément aux conditions et modalités fixées dans ledit projet de loi ».
Ainsi, en vertu de l’article 4 de ce projet, la durée du service militaire est de 12 mois et l’âge d’appel des assujettis est fixé à 19 ans, alors que le service militaire est dû jusqu’à l’âge de 25 ans. Selon l’article premier de ce texte juridique, des exemptions provisoires ou définitives, dont les modalités sont fixées par voie réglementaire, peuvent être accordées pour certains motifs, notamment l’inaptitude physique ou de santé certifiée par un rapport médical émis par les services des formations hospitalières publiques compétentes, le soutien de famille ou la poursuite d’études.
Selon plusieurs experts, ce projet de loi constitue « un retour à l’institution citoyenne qui favorise l’éducation aux valeurs de la société civile ». Ce retour, concrétisé par ce projet, est nécessaire pour « l’éducation aux valeurs de la société civile et pour le Maroc du futur » ont-ils précisé.