Selon le ministère italien de l’Intérieur, plus de soixante-dix mille migrants africains – d’Afrique sub-saharienne – sont arrivés dans son pays pendant le premier semestre de cette année. Et parmi eux, plus de huit mille mineurs !

Depuis deux ans c’est une véritable déferlante migratoire qui s’abat sur l’Italie, qui doit faire face à cette situation lorsque les autres Etats européens – membres ou non de l’Union européenne – ferment leurs frontières et/ou rechignent à accueillir davantage de réfugiés.

Une majorité de migrants économiques

Il est vrai que ces migrants sont majoritairement des migrants économiques, jeunes sans emploi, sans avenir et dans les griffes d’une misère insoutenable.
Alors on comprend qu’ils tentent le tout pour le tout pour débarquer sur les côtes européennes en quête d’espoir.

Si l’Italie est devenue une destination privilégiée, c’est d’abord parce que la situation chaotique en Libye fait de ce pays une passoire où le trafic de clandestins vers l’Europe est devenu un business florissant. Les Occidentaux le savent pertinemment mais ont peu de marge de manœuvre car les multiples conflits qui ravagent le pays où se sont infiltrés les terroristes de l’Etat islamique en font une poudrière.
Ces mêmes Occidentaux cherchent à imposer le gouvernement d’union nationale de Fayez el-Sarraj pour pouvoir engager des troupes au sol, mais l’initiative n’est pas encore concluante car un gouvernement parallèle se maintient dans l’est, et les islamistes font encore de la résistance à Syrte.

Un trafic très lucratif

Le contexte demeure donc favorable aux trafics en tous genres dont celui des migrants qui est très lucratif.
Avec une demande aussi forte et des opportunités réelles dans un pays éclaté, les conditions sont réunies pour que les vagues migratoires, celles des africains désespérés continuent de plus belle.

L’Union européenne a trouvé une solution provisoire à l’afflux des réfugiés syriens et irakiens en sous-traitant leur cantonnement avec la Turquie qui s’est fait payer grassement trois milliards d’euros.
Une transaction similaire n’est pas possible avec la Libye déchirée, sans autorité unifiée.

Dès lors l’Italie va devoir continuer de gérer les arrivées massives et d’organiser des lieux d’hébergement provisoire.
Récemment, le chef du gouvernement italien, Matteo Renzi s’était rendu dans certains pays africains parmi lesquels le Sénégal pour signer des accords de coopération.
Il a compris que la solution se trouve dans les pays de départ qu’il faut aider à se développer.

Une responsabilité historique

Les Occidentaux qui sont responsables de la colonisation qui a ruiné ces pays et du néocolonialisme qui accentue la misère des populations ont une responsabilité historique à assumer pour les aider à sortir de l’ornière. Et ceci dans leur propre intérêt car les vagues migratoires et même le développement de certains mouvements terroristes comme AQMI, et le MUJAO (Mouvement pour l’Unicité et le Jihad en Afrique de l’Ouest) par exemple, sont alimentés par les laissés pour compte des Etats africains balkanisés, corrompus et non viables économiquement.

Tout se tient : la misère qui étouffe l’Afrique a des conséquences qui dépassent ses frontières.
Il y a certes urgence à soulager l’Italie confrontée aux vagues migratoires, mais les Occidentaux ont intérêt à voir plus loin.
La tragédie qui se poursuit en Méditerranée n’est pas une fatalité. Les pays riches d’Europe peuvent y mettre fin en assumant pleinement leurs responsabilités.

 

– V. E-B.

 

 

Crédit image : Migrants arrivant sur l’île italienne de Lampedusa, 2007. © Sara Prestianni / noborder network – source : Flickr, CC BY 2.0, via Wikimedia Commons.