Le leader de l’opposition au Zimbabwe, Nelson Chamisa, a revendiqué mardi une victoire éclatante aux élections générales, les premières depuis la chute du président Robert Mugabe qui pourraient mettre fin à l’hégémonie du parti au pouvoir depuis des décennies.
Un total de 23 candidats étaient en lice pour la présidentielle mais la course se joue entre l’actuel chef de l’État Emmerson Mnangagwa, patron de la Zanu-PF, le parti au pouvoir depuis l’indépendance du Zimbabwe en 1980, et Nelson Chamisa, leader du Mouvement pour le changement démocratique (MDC).
Des responsables de la commission organisant le vote ont souligné la très forte participation, estimant qu’elle se situait aux alentours de 75% une heure avant la clôture des bureaux de vote. Dès l’aube lundi, de longues files d’attente se sont formées devant de nombreux bureaux de vote à Harare, où l’affluence n’a pas faibli dans la journée.
Mnangagwa, qui a succédé en novembre à son ancien mentor Robert Mugabe, à la suite d’un coup de force de l’armée et de son parti, cherchait à obtenir par les urnes la légitimité du pouvoir. Il n’avait pas réagi mardi dans la matinée aux déclarations de victoire de son principal concurrent.
Pour ces élections historiques, « il y a eu une forte participation, en particulier des jeunes », a déclaré lundi à l’AFP le chef des observateurs de l’Union européenne (UE), Elmar Brok, qui n’a pas signalé de cas de violence, alors que les scrutins de l’ère Mugabe avaient été régulièrement entachés de fraudes et violences.
L’UE a noté des déficiences pendant les opérations de vote, notamment la totale désorganisation du vote dans deux quartiers pauvres d’Harare, alors que tout s’est bien passé dans des quartiers plus favorisés.
« Il convient maintenant de vérifier s’il s’agit d’une tendance ou de cas isolés », a ajouté M. Brok. Mnangagwa, 75 ans, était donné favori de la présidentielle mais l’écart avec son principal adversaire s’était réduit dans les sondages. Le premier était crédité de 40% des suffrages contre 37% pour le second dans un sondage publié il y a une dizaine de jours.
Si aucun candidat n’obtient la majorité absolue lundi, un second tour sera organisé le 8 septembre. Pendant la campagne, cet orateur au style vestimentaire toujours impeccable a naturellement su séduire un électorat jeune, en quête de sang neuf.
Depuis son indépendance il y a trente-huit ans, le Zimbabwe n’a connu que deux chefs de l’État, tous les deux issus du même parti, la Zanu-PF. D’abord Robert Mugabe, contraint à la démission en novembre à l’âge de 93 ans, puis son ex-vice-président Emmerson Mnangagwa.