Trois nouveaux vols de la Royal Air Maroc (RAM) ont été annulés ce lundi. Une dizaine d’autres ont subi le même sort depuis la semaine dernière a confirmé le transporteur aérien du Royaume, en proie à de vives tensions sociales avec ses pilotes. Retour sur une grève qui ne dit pas son nom.
Que se passe-t-il à Royal Air Maroc ? c’est la question qui se pose le plus aujourd’hui à l’aéroport Mohammed V de Casablanca, fief de la compagnie aérienne historique du Royaume du Maroc. En place depuis 1957, l’opérateur très connecté à l’Afrique et au Monde semble passer par une grave crise avec ses pilotes.
Selon plusieurs observateurs, les pilotes ont décidé de peser de tout leur poids pour faire pression sur le nouveau PDG de la compagnie et obtenir de nouveaux avantage. Pour y parvenir, « ils ont opter pour de vieilles méthodes dilatoires pour faire pression sur le management sans déclarer ouvertement des mouvements de grève » a souligné une source proche du dossier à AC.
Une grève qui ne dit pas son nom
Pour le PDG de RAM, Abdelhamid Addou, les pilotes sont en grève depuis mercredi dernier. Adressant un courrier à l’Association marocaine des pilotes de ligne (AMPL), le successeur du charismatique, Driss Benhima n’a pas hésité de prendre l’opinion publique à témoin en diffusant largement sa lettre adressée aux pilotes.
Évoquant « l’absence de volonté de voir la compagnie se développer » le responsable avait souligné dans sa lettre que la grève des pilotes risque d’être « dévastatrice ». « Nous arrivons au terme de notre discussion avec les représentants des pilotes de ligne à travers les résultats de l’AG de l’AMPL du lundi 16 juillet, et nous constatons avec amertume, malgré un nombre historique d’engagements, l’absence de volonté d’aboutir à un compromis, celui-ci repoussé par une surenchère des revendications », avait-il souligné
L’AMPL contre-attaque
Dénonçant le contenu de la lettre de leur PDG, les pilotes n’ont pas tardé à réagir avec un communiqué. « L’Association Marocaine des Pilotes de Ligne dément formellement les allégations affirmant que les pilotes de ligne de Royal Air Maroc seraient en grève » lit-on sur ce communiqué rendu public la semaine dernière. « L’AMPL confirme que les pilotes de ligne assurent leurs missions, à savoir leurs vols de même que leurs astreintes tel que prévus sur leurs programmes de vols mensuels établis par la compagnie Royal Air Maroc et ce conformément aux lois et règlements en vigueur » toujours selon le même document.
Confirmant avoir adressé un courrier aux pilotes les exhortant à « ne plus faire preuve de cette flexibilité, de faire leur travail strictement dans le cadre du programme qui leur a été communiqué », l’AMPL nie tout appel à la grève. « Nous avons toujours été très flexibles quant à la programmation de nos vols, sur les horaires comme sur le nombre de vols que nous effectuons, pour accompagner notre compagnie et parce que c’est notre devoir de servir nos concitoyens », avait expliqué un représentant de l’AMPL sans pour autant préciser le contenu des revendications de son association.
L’argent, le nerf de la guerre
Avec des revenus moyens mensuels compris entre 150 000 dirhams et 200 000 dirhams (entre 13 500 et 18 100 euros), les pilotes sont les salariés les mieux payés au Maroc. Mais cela ne leur suffit pas apparemment. En effet, selon notre source, l’objet de discorde entre les professionnels de l’air et leur PDG concerne une augmentation considérable de leurs revenus.
« Ils revendiquent, pas moins de 3000 euros d’augmentation mensuelle pour les pilotes et 5000 euros de plus pour les commandants de bord » a confirmé notre source. Pour atteindre cet objectif, les pilotes sont bien outillés, notamment par des certificats médicaux présentés quelques minutes seulement avant les vols programmés, poursuit notre source.
En cas de satisfaction de leurs revendications, les pilotes coûteront « aux ailes du Maroc » pas moins de 200 millions de dirhams de plus chaque année. Un montant qui risque de pousser l’opérateur historique vers la faillite. Une situation qu’elle a parvenu à éviter depuis des décennies contrairement à la majorité des compagnies aériennes africaines qui n’ont pas pu tenir face à la concurrence internationale.