Les États-Unis ont fermement démenti, jeudi, toute participation au sommet du G20 prévu ce week-end en Afrique du Sud, réagissant aux déclarations du président Cyril Ramaphosa qui avait évoqué un possible changement de position de Washington. Un nouvel épisode dans une relation bilatérale récemment marquée par de fortes tensions.

Interrogée lors d’un point presse, la porte-parole de la Maison Blanche, Karoline Leavitt, a affirmé sans ambiguïté :
« Les États-Unis ne participeront pas aux discussions officielles du G20 en Afrique du Sud. »

Plus tôt dans la journée, Cyril Ramaphosa avait indiqué avoir reçu « une notification des États-Unis » suggérant un « changement d’avis » potentiel quant à leur présence, évoquant même un « signal positif ».

Mme Leavitt a aussitôt récusé cette interprétation, jugeant les propos du président sud-africain « quelque peu désobligeants à l’égard des États-Unis et du président américain ». Washington précise que sa présence sera limitée au rôle « d’hôte » du prochain sommet, les États-Unis assurant la présidence du G20 en 2026.

Ce démenti s’inscrit dans la continuité de la position affichée par Donald Trump, qui a annoncé le boycott du sommet de Johannesburg, qualifiant la présidence sud-africaine de « honte » et indiquant qu’aucune déclaration finale commune ne pourrait être validée.

Désaccords profonds sur les priorités du G20

Les différends entre Washington et Pretoria ne cessent de s’accumuler. Une note de l’ambassade américaine du 15 novembre, consultée par l’AFP, demande explicitement à l’Afrique du Sud de renoncer à publier une déclaration finale, arguant que :

« Les priorités de l’Afrique du Sud vont à l’encontre des vues politiques des États-Unis. »

Le thème défendu par Pretoria — « Solidarité, égalité, durabilité » — met en avant l’allègement de la dette des pays en développement, le financement de l’adaptation climatique et la lutte contre les inégalités. Des orientations que le secrétaire d’État américain Marco Rubio avait jugées « antiaméricaines ».

Cyril Ramaphosa a, de son côté, insisté sur la souveraineté sud-africaine :
« Il n’est pas possible qu’un pays détermine qui peut s’exprimer ou non. Une nation ne devrait pas en intimider une autre. »

Son ministre des Affaires étrangères, Ronald Lamola, a confirmé que Pretoria poursuivrait ses efforts pour aboutir à une déclaration commune des dirigeants du G20 — un exercice traditionnellement au cœur des sommets.

Relations bilatérales sous tension

Les relations entre Washington et Pretoria se sont encore dégradées ces derniers mois :

  • expulsion de l’ambassadeur sud-africain à Washington en mars,
  • imposition par les États-Unis de droits de douane de 30 % sur les produits sud-africains,
  • critiques américaines concernant la plainte déposée par Pretoria contre Israël devant la CIJ,
  • accusations américaines sur une « persécution » d’Afrikaners en Afrique du Sud.

Pour autant, la coopération économique n’est pas totalement rompue : plus de 600 entreprises américaines opèrent en Afrique du Sud, et le secteur privé américain a participé au forum Business 20 (B20) organisé en marge du sommet.


Un sommet historique pour l’Afrique du Sud

L’Afrique du Sud devient le premier pays du continent à accueillir un sommet du G20, forum qui rassemble 19 pays, l’Union européenne et l’Union africaine, représentant 85 % du PIB mondial.

Malgré l’absence américaine, Pretoria entend maintenir son agenda et défendre les priorités de son mandat, dans un contexte de recomposition du multilatéralisme.