Spectaculaire et menée par surprise, l’attaque américaine sur les sites nucléaires iraniens a été applaudie par le Premier ministre israélien, Netanyahou, qui a tout fait pour qu’elle advienne.
De nombreux médias ont mis l’accent sur « l’exploit » qui a engagé 125 avions, mais aussi des tirs de missiles Tomahawk, et qui serait bouclé en un temps record de 20 minutes.
Les sites de Natanz, Ispahan et Fordo ont été ciblés et « détruits », selon Trump, « largement atteints », selon d’autres analystes.
Mais, trois jours après cette démonstration de force, un constat s’impose : personne ne sait si Fordo, par exemple — le site enfoui dans une zone montagneuse et accessible aux seules méga-bombes anti-bunker (dont seuls disposent les USA) — a été touché de manière conséquente.
On peut en douter car, aujourd’hui (lundi), des avions israéliens l’ont encore bombardé.
On est loin des discours triomphalistes, avec des discours probabilistes.
Seule une inspection in situ, soit par l’AIEA soit par des commandos, pourrait apporter des réponses crédibles.
D’ailleurs, avant les frappes américaines, de nombreux analystes avaient précisé que, si les installations de Fordo sont bien construites à plus de 80 mètres dans le sous-sol, les méga-bombes anti-bunker, qui pénètrent jusqu’à 60 mètres, pourraient ne pas être efficaces.
Netanyahou, qui sait tout cela, avait pour objectif d’entraîner Trump dans cette guerre que rejettent de très nombreux citoyens américains, qui estiment que l’intérêt national de leur pays ne l’exige pas et qu’Israël n’est nullement menacé par l’imminence de la mise au point d’une bombe nucléaire iranienne.
En effet, il s’agissait bel et bien d’une manipulation de Netanyahou, qui a des objectifs personnels : échapper à son procès pour corruption et à l’enquête sur les défaillances sécuritaires qui ont permis les massacres perpétrés par le Hamas, le 7 octobre.
C’est cette volonté de sauver sa peau qui explique la furie sanglante de Netanyahou, qui multiplie les fronts et les menaces imaginaires pour imposer une guerre perpétuelle.
Si les bombardements américains avaient même réussi à écarter la « menace » iranienne, Netanyahou aurait continué à bombarder, en fixant un nouvel objectif, à savoir le « changement de régime ».
Il avait appelé les Iraniens à se soulever, en vain.
Ce qu’il feint d’ignorer est qu’il est la personne la moins indiquée pour « mobiliser » les Iraniens.
Trump devrait se rendre compte du piège dans lequel le Premier ministre israélien l’entraîne.
Les intérêts bien compris des USA ne coïncident pas toujours avec ceux d’Israël, et surtout sous la direction de Netanyahou.
Cette crise, créée de toutes pièces, pourrait avoir des conséquences terribles dans tout le Moyen-Orient et remettre en cause toutes les avancées diplomatiques conquises depuis des années.
Les « Accords d’Abraham » vont avoir du plomb dans l’aile, et il faut aussi craindre un regain des activités terroristes.
La guerre à Gaza fait l’unanimité contre elle, contre l’action condamnable et condamnée de Netanyahou, inculpé par la CPI et sous mandat d’arrêt international.
Si Netanyahou est un « ami » des USA, il ne lui veut pas du bien.
Son intérêt personnel prime sur tout.
C’est pourquoi il continue de raser les gravats de Gaza, d’affamer sa population et de bombarder des hôpitaux.
Le nouveau front iranien, ouvert par Netanyahou et Trump, est une boîte de Pandore.
Nul ne sait ce qui va en sortir dans le moyen terme.