Depuis l’attaque surprise meurtrière du Hamas (7 octobre) qui a ébranlé Israël dans ses certitudes sécuritaires : l’excellence du Mossad ,le Dôme de fer infranchissable,Tshalal invincible, le doute ,d’abord, ensuite la colère et la fureur ont fait sonner la mobilisation nationale.
Pour déclarer la guerre aux terroristes, en forgeant un gouvernement d’union nationale et en demandant aux réservistes (plus de 300 000), de répondre à l’appel, toutes affaires cessantes.
Il a fallu ,ensuite, plusieurs semaines de bombardements aériens ,suite à une annonce du Premier ministre Benjamin Netanyahou : « Israël va éradiquer le Hamas »,pour se venger d’ une attaque terroriste « sans précédent sur le territoire de l’Etat Hébreu ».
Mais des problèmes de logistique devaient être réglés : soutien en munitions et fourniture d’éléments pour renforcer le Dôme de fer ,entre autres de la part des USA.
Il y a eu aussi le ballet diplomatique à gérer : la visite éclair du président Joe Biden (un acte politique majeur pour mettre en exergue l’alliance indéfectible entre les USA et Israël).
Les visites du Premier ministre britannique Rishi Sunak et du président français, Emmanuel Macron.
Les occidentaux ont fait chorus et manifesté leur condamnation sans équivoque ,des actes terroristes du Hamas.
Le gouvernement israélien a capitalisé dans cette période ,si l’on peut dire ,pour digérer sa surprise et préparer sa vengeance contre le Hamas qui ne s’était pas contenté de semer terreur et désolation à l’intérieur du territoire israélien ; mais a ,aussi, pris plus de 200 otages ramenés à Gaza.
Après cette longue préparation, la contre-attaque terrestre contre Gaza a démarré, avec toujours des bombardements aériens massifs qui ont causé des milliers de morts.
Au moment où nous écrivons, Gaza a fait le décompte de près de 10 000 morts tandis que Israël qui avait perdu ,d’abord 1400 personnes ,en dénombre 341 parmi ses soldats.
Aujourd’hui ,c’est la situation infernale qui prévaut à Gaza qui fait l’objet de la réprobation de la communauté internationale et suscite des manifestations en Occident (USA, Grande Bretagne, France), dans les pays arabes et ailleurs.
Biden avait réussi à négocier la libération de deux otages et l’ouverture du passage de Rafa (Egypte) pour le ravitaillement de la population de Gaza, punie par Israël qui a coupé eau et électricité et demandé une évacuation vers le Sud.
C’est cette nouvelle situation qui constitue un véritable piège politique pour Netanyahou et son gouvernement.
Les populations de Gaza ,sans exception, subissent les foudres de Tsahal et semblent ainsi considérées comme aussi coupables que le Hamas qui a attaqué Israël.
La logique, le bon sens et le Droit récusent ,ici, l’idée d’une culpabilité collective.
Le Hamas n’est pas soutenu par tous les Gazaouis.
Le Hamas s’est imposé dans cette enclave, par la force, en profitant des faiblesses de l’Autorité palestinienne.
L’objectif de Netanyahou qui est d’éradiquer le Hamas est impossible à réaliser, sinon ses prédécesseurs, comme Ariel Sharon l’auraient fait.
Ce dernier avait conquis Gaza ; mais avait fini par évacuer ses troupes.
D’ailleurs la rhétorique des responsables israéliens a changé ces derniers jours, car ils ne parlent plus de faire disparaître le Hamas ,mais d’ « éliminer son chef militaire .»
Parce qu’éradiquer le Hamas est mission impossible et détruire ses bases à Gaza ne suffira pas à enrayer la menace ; même avec une présence permanente de troupes.
Cela avait été expérimenté sans succès.
Il s’y ajoute ,cette fois ,que les bombardements aériens tuent de manière indiscriminée, beaucoup de civils ; ce qui crée des manifestations monstres dans beaucoup de pays.
Mettant la démocratie israélienne en butte à des critiques de la part de ses propres citoyens et/ou soutiens.
Le piège se referme avec la dénonciation, en Israël même, des faiblesses de la politique sécuritaire dont les faillites ont été payées au prix du sang.
Hier (samedi 4 novembre), une grande manifestation a eu lieu en Israël pour réclamer une action plus conséquente pour la libération des otages, avec des critiques acerbes adressées au Premier ministre.
Comment libérer les otages, sans négociations ?
Certains l’ont déjà été ,suite à l’ouverture de couloirs humanitaires que Netanyahou refuse ,maintenant, d’ouvrir.
Parce que cela signifierait aussi « pause », voire cessez-le feu.
Comment accepter cela ,avant « l’éradication » annoncée du Hamas ?
A l’humiliation du 7 octobre, même s’il s’agit d’une attaque terroriste ,Netanyahou va ajouter, si l’on peut dire ,l’échec militaire de la guerre à Gaza.
Jusqu’à présent le Hamas continue ,de manière sporadique cependant ,à tirer des missiles vers le territoire israélien.
Il a ,encore une force de frappe et des tunnels nombreux dans l’enclave palestinienne.
Sur le plan de la communication, le Hamas d’agresseur ,devient défenseur d’une cause palestinienne longtemps oubliée ,au point où Israël pouvait penser régler le problème avec les « Accords d’Abraham »,en nouant des partenariats avec des Etats arabes. Comme naguère, il avait fait la paix avec l’Egypte et la Jordanie.
Les Accords de paix vont tenir,les « Accords d’Abraham »,peut-être ,mais ne devraient plus attirer beaucoup d’autres pays arabes.
L’Arabie Saoudite ,qui était prête de rejoindre le « club », a suspendu ses pourparlers.
Soit dit ,en passant ,c’était l’un des objectif de l’attaque du Hamas, plébiscité par Téhéran qui souffle sur les braises ,en tirant à boulets rouges sur Israël. Sans franchir la ligne rouge d’une attaque directe qui n’est pas dans son intérêt.
Dans ce nouveau contexte géopolitique, la cause palestinienne revient sur la scène de l’actualité internationale.
Antony Blinken ,le ministre américain des Affaires étrangères, qui ne ménage pas ses efforts, en faisant des navettes diplomatiques au Proche Orient, vient de déclarer, qu’ « il n’était pas possible de revenir au statut quo ».
Le conflit israélo-palestinien redevient une « patate chaude » que la diplomatie américaine ,la seule qui peut faire progresser d’éventuelles négociations sérieuses ,va devoir poser sur la table de la communauté internationale.
Le Hamas a donc créé un électrochoc qui est aussi un piège pour Netanyahou dont les politiques dures, en matière de créations intempestives de colonies juives en Cisjordanie, ne pourront plus prospérer. Sans des dénonciations véhémentes de la communauté internationale.
Parce que la solution onusienne des deux Etats , défendue par l’immense majorité des Etats, y compris les USA, ne peut être possible sans un territoire autonome palestinien, viable.
Les centaines de colonies juives en Cisjordanie sont un obstacle physique et politique qu’il faut éliminer .
A Gaza, en 2005,les colons du Goush Katif ont été évacués par Ariel Sharon.
Donc il est bien possible de faire triompher le réalisme politique et d’aller résolument vers la création de deux Etats israélien et palestinien ,vivant en paix .
Ce serait la fin du terrorisme et l’avènement de leaders visionnaires et respectueux des droits de la personne humaine et de la démocratie.
En Israël ,Yitzak Rabin avait conclu un accord de paix avec Yasser Arafat en 1993.
L’espoir fut de courte durée car en 1995,il fut assassiné par un extrémiste israélien, Yigal Amir.
A la sortie d’un meeting pour la paix !