Enfin ,l’aide humanitaire arrive à Gaza, par le passage de Rafa, chose que le Caire a refusé longtemps, avant de plier face aux pressions américaines, onusiennes, européennes et autres.
Al Sissi était réticent, pour de bonnes raisons politiques : éviter des « flots » de réfugiés palestiniens qui resteraient dans le Sinai, pour une très longue durée.
Ce serait un casse-tête politique pour l’Egypte et une mauvaise chose pour la cause palestinienne ,car une solution à deux Etats (l’un israélien et l’autre palestinien ), comme validée par l’Onu ,depuis toujours, suppose que les populations palestiniennes continuent d’occuper leur territoire .
Du reste ,Israël n’a jamais eu, comme objectif affiché de sortir les palestiniens de Gaza, sinon, cette enclave ne serait pas évacuée par les troupes de Sharon entre 2002 et 2005,et,surtout les Israéliens ne seraient pas restés en spectateurs ,en 2007,lors des affrontements entre le Hamas et le Fatah, conflit fratricide sanglant qui a abouti à la victoire du Hamas qui, depuis, dirige Gaza.
Dans ce qui pourrait être appelé « un poker politique sanglant », (la guerre étant la continuation de la politique par d’autres moyens, comme l’affirme Clausewitch),les belligérants d’aujourd’hui que sont Israël et le Hamas, sont de vieilles connaissances qui ont eu ,par exemple, à échanger des prisonniers.
L’attaque surprise du 7 octobre qui a abouti à un massacre, sans précédent ,à l’intérieur d’Israël, et qualifiée de terroriste fort justement, pour avoir ciblé des civils, de manière délibérée (les 260 jeunes qui participaient à un festival de musique,notamment),a changé la donne.
Surpris, choqués et conscients de la menace mortelle qui peut les frapper, à tout moment, les israéliens ont décidé de faire front commun et d’éliminer la menace.
Mais, le « poker politique » qui continue de se jouer freine et/ou retarde l’action militaire annoncée : l’invasion de Gaza et l’éradication du Hamas.
Et, avec le temps qui passe, malgré l’immense mobilisation israélienne (320 000 réservistes),les différentes initiatives (envoi d’aide humanitaire aux palestiniens toujours à Gaza), où l’eau et l’électricité avaient été coupées par Israël, conférence de la paix en Egypte, négociations fructueuses ayant permis la libération de deux otages américaines ,les visites de Joe Biden et de Rishi Sunak en Israël, etc.
Sans oublier les manifestations de grande ampleur dans les pays occidentaux (en soutien aux israéliens et aux palestiniens) et dans les pays arabes (soutien aux palestiniens ,et même à l’action du Hamas).
Le bouillonnement planétaire fait de l’ombre à la guerre en Ukraine, mais toute cette situation qui semblerait pousser à une action diplomatique d’envergure ,n’arrêta pas les bombardements sur Gaza.
Israël laisse passer l’aide humanitaire ,pousse les palestiniens à aller se réfugier dans le Sud de Gaza, pour être épargnés par l’offensive terrestre imminente et continue ses frappes qui font des victimes collatérales.
Poker politique oblige : la vengeance annoncée n’est pas remise en cause par les initiatives et actions diverses et variées qui ont cours ,en même temps que les bombardements.
Le Qatar négocie la libération des otages ,avec l’aval de tout le monde ,dans ce contexte de « critique des armes ».
Comment comprendre cette situation dont l’absurdité est effacée, si l’on peut dire ,par les jeux de puissances qui ont des intérêts politiques à défendre.
Les USA ont des otages à libérer et le Hamas ,très proche de Doha ,avec l’acceptation et des Américains et des Israéliens, a aussi, intérêt ,à jouer le jeu.
L’aide du Qatar est précieuse pour tout le monde : financière pour le Hamas et diplomatique pour Israël et les USA, et d’autres encore.
La scène chaotique ,en surface, est ,en réalité, un immense puzzle où grouillent beaucoup de monde : journalistes,diplomates, politiques ,hommes de l’ombre,militaires etc.
La politique a besoin de zones grises ,d’endroits où règne le clair-obscur.
Au Proche et Moyen-Orient ,il en a presque toujours été ainsi, à cause des intérêts multiples qui s’y entrechoquent ,depuis la nuit des temps.
Cette nouvelle guerre est cependant un « game changer » et ses conséquences vont aboutir à des bouleversements majeurs ,chez les Palestiniens et chez les Israéliens.
Parce qu’il faudra bien faire les comptes ,après et repenser les « nouveaux équilibres » à forger.