L’expert des Nations unies, le Sénégalais Alioune Tine, vient de boucler une mission d’une dizaine de jours sur la situation des Droits de l’homme au Mali. Faisant le bilan de sa tournée, l’ancien patron de la Rencontre africaine des droits de l’homme (Raddho), a confirmé la présence et les exactions du groupe paramilitaire russe Wagner.
Alioune Tine a affirmé avoir recueilli des témoignages selon lesquels des hommes du groupe paramilitaire russe Wagner ont participé à des opérations militaires et se sont livrés à des exactions au Mali.
« Les populations sur place qui ont témoigné parlent effectivement du groupe Wagner, sur les détentions arbitraires, sur les exactions, sur les vols. Tout cela, nous l’avons entendu et nous en avons fait le témoignage aussi auprès des autorités maliennes », a, en effet, déclaré sur RFI l’expert onusien.
Le défenseur des Droits de l’homme indique que, « les autorités maliennes ont dit qu’elles allaient ouvrir des enquêtes et s’informer », ajoutant que « c’est déjà un progrès ».
Toutefois, souligne-t-il, « avec la polarisation géopolitique que nous connaissons, avec la prise de position des Maliens par rapport aux Russes, ça nous amène un tout petit peu dans une espèce de guerre froide qui empêche souvent les uns et les autres de voir ce qu’on appelle “le gris”».
L’ancien président de la Raddho précise que « nous, on essaie effectivement de nous en tenir aux faits, et bien sûr, quand il s’agit de violation de droits humains, de l’exprimer auprès des autorités. Il semble que c’est la première fois, au moins, que les autorités s’engagent à ouvrir une enquête sur cette question, avec ce qu’ils appellent eux-mêmes “nos partenaires russes”».
Le fondateur d’Africajom Center souligne aussi que cette mission au Mali s’est déroulée dans un contexte tendu, matérialisé notamment par le rétrécissement de l’espace civique, les attaques contre les défenseurs des droits humains et la société civile.
Même s’il dit avoir noté une légère baisse des violations des droits de l’homme au dernier trimestre 2022, Alioune Tine dit avoir demandé aux autorités maliennes d’ouvrir l’espace civique et démocratique et de renforcer la lutte contre l’impunité.
Le 5 février dernier, Bamako avait déclaré ‘’persona non grata’’ et expulsé le chef des Droits de l’homme de la Minusma au Mali, Guillaume Ngefa.
La section Droits de l’homme de la Minusma était dans leur viseur depuis des mois, à cause de ses enquêtes sur les allégations d’exactions de l’armée malienne et de ses supplétifs russes. Mais selon les autorités maliennes, le comportement général de Guillaume Ngefa contrevenait à ses obligations d’«impartialité ».