Les trois leaders du Front national de défense de la constitution (FNDC) arrêtés mardi dernier avec une brutalité inouïe, ont été finalement écroués et envoyés à la prison civile de Conakry, hier jeudi, après avoir passé trois jours et deux nuits à la police judiciaire. Finalement, Foniké Menguè, Billo Bah et Djani Alpha qui ont été longuement entendus par le juge d’instruction, ont été inculpés pour outrage à magistrat et injures publiques.
Foniké Menguè, le coordinateur du FNDC, Billo Bah, chargé de la mobilisation, et le célèbre rappeur Djani Alpha, membre de cette organisation qui avait été au premier rang de la lutte contre le 3ème mandat de l’ancien président Alpha Condé, ont donc passé leur première nuit à la prison civile de Conakry, hier.
Présentés à un juge d’instruction au tribunal de Dixxin, dans la proche banlieue de Conakry, ils ont été placés sous mandat de dépôt et écroués. Ils avaient été arrêtés et brutalisés, alors qu’ils tenaient une conférence de presse mardi dernier. Il leur est reproché d’avoir tenu des propos injurieux contre la justice guinéenne sur les réseaux sociaux.
Procès en flagrant délit ce vendredi
Les images de cette arrestation musclée publiées sur les réseaux sociaux avaient provoqué de violentes manifestations des populations à Conakry, mardi et mercredi. Des centaines de jeunes étaient descendus dans les rues, bloquant la circulation, érigeant des barricades et brûlant des pneus et ordures. Ils avaient violement fait face aux forces de l’ordre à coup de jets de pierres. Les policiers renforcés par des gendarmes avaient fait usage de grenades lacrymogènes. Selon le ministère de la Sécurité, plusieurs policiers ont été blessés et des véhicules de police endommagés.
La classe politique guinéenne avait unanimement condamné ces arrestations violentes et marqué sa solidarité avec le FNDC.
Foniké Menguè, Billo Bah et Djani Alpha seront fixés sur leur sort aujourd’hui, car l’affaire sera jugée ce vendredi à Conakry, en flagrant délit. Ce dont se réjouissent leurs avocats qui espèrent ni plus ni moins qu’ils soient libérés.
Depuis le coup d’Etat du 5 septembre dernier et l’arrivée au pouvoir de la junte militaire en Guinée, c’est la première fois que des activistes de la société civile sont arrêtés et poursuivis devant les tribunaux. Plusieurs leaders de l’ancien régime d’Alpha Condé, dont l’ex Premier ministre Kassory Fofana, ont été, toutefois, arrêtés et emprisonnés pour corruption et détournement présumés.