Quatre sur quatre, tel est l’exploit réussi par la chancelière Angela Merkel qui remporte les élections en Allemagne, sans discontinuité depuis 2005. Ce n’est certes pas un triomphe, loin de là (avec 33%), le plus bas score obtenu depuis l’après-guerre. Mais la victoire est acquise dans un contexte politique difficile marqué par une poussée nationaliste extrémiste inquiétante du parti néo-nazi AFD qui fera son entrée au Parlement.

Ces gens sont anti-immigrés et anti-musulmans, c’est leur seul et unique programme politique. Ils refusent de comprendre que l’Allemagne, sans les immigrés, est en perdition car sa population vieillit dangereusement. C’est ce qu’a compris Mme Merkel qui, en vrai leader, a osé accueillir un million de réfugié en 2015. Elle paie électoralement ce choix patriotique et lucide.

Elle va avoir du pain sur la planche pour former une coalition de gouvernement avec les libéraux et les écologiques avec qui son parti, la CDU a beaucoup de divergences.

Les socialistes du SPD qui ne recueillent qu’un peu plus de 20% sont dépités et amers et ont décidé de quitter la coalition avec Mme Merkel. Ils ne doivent s’en prendre qu’à eux-mêmes car leur candidat, Schultz n’a pas fait le poids. Peut-être qu’une cure d’opposition va leur faire du bien pour repenser leur offre politique dans une Europe en pleine mutation.

Le quatrième mandat de Mme Merkel va être difficile mais l’économie allemande encore très forte va « l’aider », si on ose dire. Son succès, malgré la charge anti-immigrés et anti-musulmane de ses adversaires n’a pas d’autre explication. La majorité des Allemands lui fait confiance car elle tient bien « la boutique ».

L’extrême droite se nourrit de racisme et de populisme et prospère si l’économie vacille. L’Allemagne tient encore parce que son économie est solide, la première en Europe. Réformer cette dernière pour que les autres pays de l’union retrouvent leur dynamisme sera aussi un défi à relever. Ainsi que la lutte contre le terrorisme djihadiste qui alimente tous les fantasmes et donne du grain à moudre aux racistes de tous bords.

La percée de l’AFD est un signe inquiétant car la démocratie peut être porteuse des germes de sa propre destruction. Hitler était arrivé au pouvoir démocratiquement. On connaît la suite. Les temps ont changé mais cela n’exclut rien. Il suffit de regarder de l’autre côté de l’Atlantique où Trump sévit…démocratiquement.