Les résultats déjà publiés donnent le président sortant Yoweri Museveni largement en tête avec 63% des suffrages en Ouganda. Toutefois, moins de 30% des bulletins sont dépouillés, à l’annonce de ces premiers résultats.
Auparavant le challenger Bobi Wine avait fait des déclarations contradictoires en affirmant qu’il avait largement gagné et que le régime avait organisé des fraudes, à une échelle jamais atteinte dans le pays. Sans doute prépare -t-il l’opinion publique nationale et internationale, difficile à contacter dans un pays où l’internet est coupé depuis la veille des élections présidentielles et législatives jumelées, à l’annonce officielle des résultats.
En effet, tout laisse croire, comme pour les 5 premiers mandats qu’il s’est adjugé, Museveni va s’octroyer un 6 ème, de la même manière. Par la force ! Le calme qui a régné pendant le scrutin traduit surtout une lassitude des citoyens qui acceptent la chape de plomb imposée depuis 30 ans par le dictateur Museveni. Bobi Wine a le mérite de s’opposer, mais ne se fait aucune illusion sur l’issue de la bataille électorale.
Son refus et sa détermination lui ont permis d’arracher un poste de député, pour défendre le peuple ougandais au sein du Parlement. Sa notoriété ne lui a pas évité plusieurs séjours en prison et des tortures de toutes sortes. Il est un peu comme Navalny en Russie qui risque sa vie pour dire niet à Poutine. Wine est l’homme qui dit non en Ouganda, avec, parfois beaucoup de naiveté-et qui n’a pas les compétences pour diriger un Etat-mais qui entretient la flamme de l’espoir démocratique.
C’est rare en Afrique centrale où les opposants sont muselés et les espaces de liberté réduits comme une peau de chagrin. Dans cette grisaille politique, Wine le chanteur populaire apporte un peu de fraîcheur et de bonne humeur lorsqu’il arrive à échapper aux griffes de la police et réussit à s’exprimer en public, ou à travers les réseaux sociaux, en déjouant le verrou de la censure des autorités.