Après Human Rigths Watch, c’est au tour d’Amnesty International de publier un rapport qui met en cause les forces de sécurité guinéennes dans la répression de plusieurs manifestations dans le pays, qui a causé au moins 50 morts et fait plus de 200 blessés. L’ONG dénonce l’immunité dont jouissent ces forces de l’ordre, tandis que le gouvernement parle d’un rapport « exclusivement à charge ».
Alors que se profile l’élection Présidentielle du 18 octobre prochain, Amnesty International a publié le mercredi 30 septembre 2020, un rapport de 63 pages qui épingle la Guinée pour la répression des manifestations organisées dans le pays.
« Nous avons parlé à des familles meurtries qui nous ont décrit comment leurs enfants ont perdu la vie, victimes d’une balle reçue dans le dos, à la poitrine, à la tête ou au cou. Des blessés nous ont montré leurs graves séquelles au bras, genou ou pied, causées par des armes à feu, des grenades lacrymogènes ou même des véhicules des forces de sécurité », a déclaré dans le rapport, Samira Daoud, Directrice régionale d’Amnesty International, dans des propos rapportés par l’AFP.
Le document publié par l’ONG souligne la responsabilité des forces de défense et de sécurité, « associées parfois à des groupes de contre-manifestants », dans les « homicides illégaux de manifestants et de passants ».
Selon Amnesty International, l’étude basée sur une centaine d’entretiens, de documents officiels et d’images des manifestations, « apporte la preuve que les autorités ont agi en contradiction avec les normes nationales et internationales ».
Au moins 50 morts, 200 blessés et 70 personnes en détention
Pour sa part, le ministère de la Sécurité estime que le rapport ne « paraît pas garantir une vision neutre et objective de la situation » et qu’il constitue un «réquisitoire exclusivement à charge contre notre gouvernement », dans une réponse adressée le 18 septembre à l’ONG, reprise par l’AFP.
« Notre gouvernement a largement fait la preuve de son engagement à respecter les libertés fondamentales », en particulier, « vis-à-vis des militants de l’opposition », indique, en effet, le ministère de la Sécurité, disant regretter que «les efforts déployés dans l’amélioration de la gouvernance démocratique ne sont pas reconnus à leur juste valeur ».
Toutefois, selon Amnesty, la répression des manifestations, en particulier celles organisées depuis octobre 2019 par le Front national de défense de la Constitution, (FNDC), contre la réforme constitutionnelle qui a permis au Président Alpha Condé de se présenter à un troisième mandat, « a causé la mort d’au moins 50 personnes », fait près de 200 blessés et occasionné la détention arbitraire « d’au moins 70 personnes », dont plusieurs ont décrit des traitements inhumains ou dégradants.
Par ailleurs, l’ONG déplore que la « quasi-totalité » des enquêtes annoncées par les autorités sont « restées sans suite », soulignant que des hôpitaux ont refusé d’accepter des corps de personnes décédées pendant des manifestations, et qui ne figurent donc pas dans les bilans officiels.
Toujours selon Amnesty, le 22 mars dernier, jour des législatives et d’un référendum constitutionnel boycottés par l’opposition, a été «particulièrement meurtrier, avec au moins 12 manifestants tués, dont neuf par balle », alors que le Ministère dénonce, de son côté, la « logique insurrectionnelle » du FNDC.
Au moins 6 personnes ont également été tuées pendant des manifestations contre les coupures de courant et contre les barrages routiers installés dans le cadre de la lutte contre la Covid-19.