L’enquête ouverte en mai 2020 après la mort suspecte d’un officier supérieur de l’armée togolaise au lendemain de l’investiture du président Faure Gnassingbé, piétine toujours, suscitant la suspicion de la société civile.
Le lieutenant-colonel Bitala Madjoulba, commandant du 1er Bataillon d’intervention Rapide (BIR), avait été retrouvé mort dans son bureau le 4 mai 2020 au matin et l’autopsie du corps avait révélé une blessure par balle.
Ce militaire à la prestigieuse carrière faisait partie du cercle restreint réunissant les hauts gradés les plus proches de Faure Gnassingbé. Le président togolais est arrivé au pouvoir en 2005 après la mort de son père, le général Gnassingbé Eyadéma, qui a dirigé le pays d’une main de fer pendant 38 ans.
« Cet assassinat nous interpelle tous, quelle que soit notre orientation politique », constate le pasteur Komi Edoh, président du Mouvement Martin Luther King (MMLK), cité par l’AFP. Peu après la mort du lieutenant-colonel Bitala Madjoulba, les médias locaux avaient évoqué la piste d’un « règlement de comptes au sein de l’armée » et les habitants de son village natal Siou – à plus de 500 km au nord de Lomé – ont manifesté à plusieurs reprises pour exiger que toute la lumière soit faite sur sa disparition.
Mais plus de trois mois après les faits, rien ne filtre sur le travail de la commission d’enquête conduite par le ministre de la Sécurité, le général Damehame Yark. « Retenez simplement que la commission fait son travail », a indiqué à l’AFP une source proche du dossier, qui ajoute que « le corps de la victime est toujours conservé à la morgue, pour les besoins de l’enquête ».
« La responsabilité de l’Etat togolais est engagée » dans cette affaire, affirme Nathaniel Olumpio, le président du Parti des Togolais (opposition), qui pointe les « défaillances » des autorités : « lorsqu’on assassine un officier supérieur dans son bureau, à l’intérieur d’un camp militaire, cela veut dire que l’État s’est montré incapable de garantir la sécurité des officiers sur leur lieu de travail ».
Ce dossier « est une patate chaude entre les mains de la Justice », renchérit David Dosseh, porte-parole du Front Citoyen Togo Debout (FCTD), qui rassemble de nombreuses organisations de la société civile togolaise.