« Y-en-a-marre » a eu son rassemblement. Selon les chancelleries occidentales, il y avait environ 120 000 à 135 000 personnes. C’est important mais très loin du million qu’espéraient les organisateurs.
Pour ceux qui doutent, il faut revoir sur internet la « marche d’un million d’hommes » organisée par Louis Farrakhan en 1995 à Washington. Entre le Mall de la capitale fédérale américaine et la place de l‘obélisque, il n’y a pas photo.
Fadel Barro et ses amis doivent revenir sur terre : ils n’ont pas la capacité de mobiliser un million de personnes. Il y a ensuite et surtout la question essentielle qui se pose à savoir : et après ?
D’abord pour quoi y avait-t-il foule ? Parce que beaucoup d’opposants étaient venus se faire voir faute de pouvoir mobiliser autant.
Premier enseignement : le rassemblement met à nu le désarroi de l’opposition divisée, en proie à des querelles d’ego et donc peu préoccupée par les problèmes quotidiens des sénégalais. Venir égrener un chapelet de critiques est chose facile. Elaborer un programme alternatif et le décliner en plan d’action n’est pas à la portée de paroliers en mal d’inspiration.
Il y a même de l’inquiétude à avoir en analysant les nouvelles postures de l’opposition sénégalaise qui parasite et/ou phagocyte les évènements organisés par la société civile ou des individus(le patron de la télé Walfadjri récemment) pour se faire entendre.
Elle semble en panne d’idées et/ou de liquidités pour organiser ses propres manifestations. À moins qu’elle évite de le faire pour ne pas étaler ses divisions.
Quant à « Y-en-a-marre » elle doit savoir raison gardée, car elle n’a pas vocation à se substituer à l’opposition. Si ses membres veulent se lancer dans l’arène politique, qu’ils se découvrent.
Organiser une manifestation fourre-tout un vendredi après la prière est chose aisée même s’il ne s’agit pas de minimiser l’événement. Loin s’en faut. Mais il n’y a pas eu tsunami. Ce n’était pas un 23 juin bis.
Les plus de 65% de citoyens sénégalais qui avaient élu Macky Sall continuent très largement à lui faire confiance. Son action est visible et appréciable. Il travaille et reste serein, respectueux et rigoureux. Il combat la corruption et ceux qui détournent les deniers publics.
Soutenir Khalifa Sall qui a avoué avoir volé des fonds publics est une aberration. Comment demander au président de la république de « fermer les yeux », de piétiner ses propres responsabilités ?
La frustration est certes un sentiment complexe mais éviter les dérives exige de dominer ses pulsions. Le populisme est un danger pour la démocratie. Le respect des lois vaut pour tous les citoyens. La télévision est un piège ; la notoriété aussi. L’ivresse des foules fait perdre la lucidité et souvent fait voir double ou plus.
Mais il n’y avait pas 150 000 personnes à la place de l’obélisque. Il faut le savoir et éviter de sombrer dans le fantastique et les fantasmes.