L’Algérie a enterré dimanche, jour anniversaire de son indépendance, les restes de 24 combattants anticoloniaux remis par la France au carré des « martyrs », mais attend toujours des excuses de Paris pour solder le passé douloureux de la colonisation.
Conservés depuis des décennies dans un musée parisien, les restes mortuaires -des crânes- de ces Algériens tués au début de l’occupation française au XIXe siècle ont été inhumés lors d’obsèques solennelles au cimetière d’El Alia, le plus grand du pays. Les 24 cercueils ont été mis en terre dans un carré près des tombes des anciens chefs d’Etat, en présence du président Abdelmadjid Tebboune et de dignitaires.
Après leur transfert vendredi de France en Algérie, les cercueils ont été exposés samedi au Palais de la culture à Alger, où une foule nombreuse s’est déplacée pour un ultime hommage. Colonisée pendant 132 ans (1830-1962), l’Algérie avait demandé officiellement la remise des crânes -plusieurs dizaines- et d’archives coloniales en janvier 2018.
Leur restitution par la France est un signe fort d’un dégel dans les relations entre l’Algérie et l’ancienne puissance coloniale, marquées depuis l’indépendance en 1962 par des polémiques et des crispations.
La question mémorielle reste au coeur des relations conflictuelles entre la France et l’Algérie, où la perception est que Paris ne fait pas assez pour se repentir de son passé colonial.
Interviewé samedi par la chaîne France 24, le président algérien a estimé qu’il fallait « affronter le problème de la Mémoire qui hypothèque beaucoup de choses dans les relations » bilatérales. Sur d’éventuelles excuses de Paris, Tebboune a répondu: « on a déjà reçu des demi-excuses. Il faut faire un autre pas. On le souhaite ».
« Cela va permettre d’apaiser le climat et le rendre plus serein pour des relations économiques, pour des relations culturelles, pour des relations de voisinage », a-t-il ajouté en rappelant que plus de six millions d’Algériens vivent en France. Le 23 juin, les députés algériens ont adopté une loi « historique » instaurant une journée de la Mémoire, le 8 mai, en souvenir des massacres de 1945 commis par les forces françaises à Sétif et dans le Constantinois (est).
Alger veut aussi remettre sur la table le dossier des « disparus » pendant la guerre d’indépendance -plus de 2.200 selon Alger- et celui des essais nucléaires français dans le Sahara algérien qui « ont fait et continuent à faire des victimes ».