En évoquant la perspective de réserver aux États-Unis la primeur d’un éventuel vaccin contre le Covid-19 parce qu’ils collaborent à son développement, Sanofi a provoqué une levée de boucliers dans le monde, de nombreux dirigeants et organisations appelant à un accès « équitable et universel ».
Un vaccin ou un traitement contre le Covid-19 devrait même être fourni « gratuitement à tous », insistent plus de 140 personnalités, dont le président sud-africain Cyril Ramaphosa et le premier ministre pakistanais Imran Khan dans une lettre ouverte. L’ONG militante Oxfam a pour sa part dénoncé des déclarations « tout simplement scandaleuses ».
Sanofi, laboratoire français qualifié de l’un des plus grands spécialistes des vaccins du monde, s’est lancé dans la course contre le nouveau coronavirus mi-février, avec l’annonce d’un accord de coopération avec l’Autorité pour la recherche et le développement avancée dans le domaine biomédical (Barda), qui dépend du ministère américain de la Santé.
Conséquence de cette prise de risque financière, les États-Unis auront « le droit aux plus grosses pré-commandes » et pourront ainsi bénéficier d’une avance de plusieurs jours ou semaines sur le reste du monde, a affirmé mercredi le directeur général de Sanofi Paul Hudson, dans un entretien à l’agence Bloomberg.
Un tel vaccin « doit être un bien d’utilité publique et son accès doit être équitable et universel », a réagi jeudi la Commission européenne, qui a organisé début mai un téléthon mondial pour financer la recherche d’un vaccin ayant permis de rassembler 7,4 milliards d’euros de contributions. Le gouvernement américain n’a pour sa part pas participé à cette levée de fonds, préférant faire cavalier seul.
Réactions tout aussi indignées en France où la président Emmanuel Macron juge « nécessaire que ce vaccin soit un bien public mondial, extrait des lois du marché », selon l’Elysée.