L’Algérie voit s’approcher une grave crise économique selon les observateurs. Le pays, vulnérable à la volatilité du marché des hydrocarbures, est déjà confrontée à un ébranlement politique doublé d’une urgence sanitaire
Le pays « est au bord du gouffre financier », assure Luis Martinez, spécialiste du Maghreb au CERI-Sciences Po de Paris, cité par l’AFP. De fait, la loi de finances 2020 tablait sur un baril à 50 dollars pour une croissance d’environ 1,8%. On en est loin.
Le président Abdelmadjid Tebboune a reconnu « la vulnérabilité » de l’économie algérienne « en raison de notre négligence pendant des décennies à la libérer de la rente pétrolière ».
Le président Tebboune juge « impératif de mettre un terme aux mauvaises pratiques inculquées pendant la période de l’aisance financière, à l’exemple du gaspillage et de l’esprit de fainéantise et de surconsommation ».
L’économiste Ahmed Dahmani énumère les dangers: assèchement rapide des réserves de change; aggravation du déficit budgétaire et de la balance des paiements; forte dévaluation du dinar et poussée inflationniste. Au bout du compte, la récession économique et son corollaire: le chômage de masse.
Les réserves de change sont tombées sous les 60 milliards de dollars (55 mds EUR) fin mars, contre 79,88 mds USD (73 mds EUR) fin 2018 et 97,22 mds USD (88,8 mds EUR) fin 2017.
Selon certains économistes, ces réserves pourraient s’épuiser à très court terme.
« Le gouvernement n’a d’autre choix que d’élargir l’assiette fiscale, de recourir à l’endettement public et de négocier des prêts. Avec le reste des réserves de change, cela devrait lui permettre de tenir jusqu’en 2021. Mais après? », s’interroge M. Martinez.
Pour faire face à cette situation alarmante, le gouvernement a annoncé une baisse de 30% du budget de fonctionnement de l’Etat (sans toucher aux salaires des fonctionnaires) ainsi qu’une réduction de l’énorme facture des importations de 41 à 31 mds USD (38 à 28 mds EUR). L’Algérie n’aura plus recours aux cabinets d’expertise étrangers pour ses grands projets afin d’économiser 7 mds USD (6,5 mds EUR) par an.