Les deux leaders, américain et iranien font leur show médiatique depuis plusieurs jours

L’assassinat du général Qassem Soleimani, Abo Mehdi Al- Muhendis, respectivement commandant de la brigade « Al-Qods », branche extérieure des Gardiens de la Révolution et vice-commandant du « Hashd sha’abi », une autre branche militaire irakienne affiliée à l’Iran et 8 autres membres de leurs commandements, survenu à l’aube du vendredi 3 janvier 2020, a été un coup dur pour l’Iran et une démonstration de force pour la toute-puissance américaine.

Ce jour-là, le monde a tremblé, tellement, la provocation américaine était osée et surprenante. La forte mobilisation populaire suscitée par cet assassinat, aussi bien dans les grandes villes iraniennes qu’irakiennes, est la preuve évidente que l’opération de liquidation physique commanditée par le président Donald Trump a déclenché l’ire des grands centres chiites à travers le monde.

Cet acte a fait couler les larmes du vénérable Guide suprême Ayatollah Ali Khamenei qui a solennellement annoncé la mort pathétique du cerveau de la révolution islamique en Iran.

Face à la horde des populations, émues par le caractère spectaculaire et provocateur de l’événement, qui ressemble plutôt, à un film de contre-espionnage hollywoodien, les dirigeants iraniens notamment le Guide suprême, le Président Hassan Rohani et le successeur de Soleimani, le tacticien Ismaïl Qa’âni n’ont pu s’empêcher de déclarer que.: « l’agression américaine ne resterait pas impunie et que la riposte serait dure », avaient-ils tonné presqu’en chœur.

Dans la nuit du 7 janvier, juste un jour après l’inhumation des martyrs Soleimani, Al-Muhandis et Cie, quelque 30 missiles balistiques auraient été tirés en direction des bases américaines d’Aïn Al-Assad et d’Erbil à Baghdad. Les dirigeants du régime iranien ont tous confirmé l’attaque et ont vite fait de tirer un bilan de près de 80 morts dans les rangs américains, tout en précisant que les frappes étaient destinées à rendre hommage au sang des martyrs Soleimani, Al-Muhandis et Cie, mais que la véritable vengeance, qui serait plus dure, suivrait.

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Du côté américain, ce fut le « waiting see ». Le Président Donald Trump donne rendez-vous au lendemain matin pour réagir. Le 8 janvier, alors que tout le monde s’attendait à une déclaration de guerre ou tout au moins, à une riposte musclée, comme sait le faire Donald Trump, ce fut la stupéfaction et la surprise générale :  Trump dément et tempère : « Aucun américain n’a été blessé, aucune victime n’est à déplorer et c’est une très bonne chose pour le monde entier », rassure-t-il, en précisant que « l’Iran semble reculer et les États-Unis sont prêts à faire la paix avec ceux qui en veulent » !

Il opte cependant, pour le renforcement et la prise de nouvelles sanctions économiques, « jusqu’à ce que l’Iran change d’attitude », a-t-il déclaré. Dnald Trump lance une pique à son prédécesseur Barack Obama en disant que « le comportement de l’Iran a longtemps été toléré, ces jours sont finis », précise-t-il, avant d’ajouter : « les Iraniens ont acheté leurs missiles avec les fonds que leur a offerts l’ancienne administration », révèle-t-il. Il faisait ainsi allusion aux 150 milliards de dollars que l’Iran avait récupérés dans les banques américaines, suite à la signature de l’accord nucléaire avec notamment l’administration de Barack Obama.

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Trump a fait son bilan élogieux dans la lutte contre le terrorisme. ” Nous avons vaincu Daesch, tué Al-Baghdadi hier et aujourd’hui, Soleimani, dont l’existence menaçait la vie de beaucoup de citoyens américains…”, se glorifie-t-il. Abasourdi, tout le monde se demande : De qui se moque-t-on ?

Soit, Américains et Iraniens se sont mis d’accord pour jouer une pièce de mauvais goût, ou l’un des régimes américain ou iranien trompe ses populations et le reste du monde. La mise en scène serait tellement grotesque, qu’on y croit à peine !

Livrer le général Soleimani aux Américains pour l’abattre, en vue de faire d’une pierre deux coups :  D’abord,  se débarrasser d’un faucon qui serait pressenti pour se présenter à la prochaine présidentielle et débouter du pouvoir la bande à Rohani, plus conciliante,   d’autre part, permettre au régime des Ayatollahs, devenu impopulaire, à cause notamment des conséquences désastreuses des sanctions économiques américaines de remobliser le peuple, pour faire face aux « provocations » inacceptables du « Grand Satan ».

En contrepartie, la toute-puissante Amérique, se croiserait les bras et laisser les bouillants Gardiens de la révolution, tirer missiles et roquettes sur des bases, déjà vidées de leurs populations !

Le plat digeste qu’on nous sert depuis deux jours, ressemble fort bien à un tel scénario, manifestement invraisemblable. Des analystes sérieux, ne rejettent pas l’existence d’un deal, -cousu certes de fil blanc- entre Américains et Iraniens. Comment peut-on comprendre, l’armée américaine tirer, à bout portant, sur des citoyens d’un autre pays souverain, sans aucune forme de déclaration de guerre préalable ? Le plus curieux est que Trump en revendique ouvertement la responsabilité et traite les victimes de terroristes, dont il faut se débarrasser pour sauver la vie de citoyens américains ?

Le plus cocasse est que l’Iran accepte de se prêter à un jeu aussi dangereux !

Des communiqués, dont on ne peut vérifier la fiabilité, font état, aujourd’hui-même de près de 200 morts et de plusieurs blessés dans les rangs des forces armées américaines. Au même moment, l’Amérique maintient la thèse de « zéro décès », « zéro blessé » ! Il y a d’un côté ou de l’autre, voire des deux, un gros mensonge d’État dont les secrets seront bientôt percés. Les pièces à conviction sont nombreuses : La fameuse lettre émanant des autorités américaines, adressée, par erreur, aux décideurs irakiens, pour annoncer le départ prématuré des forces américaines, basées en Irak, les contradictions flagrantes entre les deux bilans : américain et iranien, suite aux prétendues attaques par missiles contre deux bases américaines en Irak. L’absence de riposte, des anti-missiles côté américain et les affirmations de Donald Trump : « l’Iran semble reculer et les États-Unis sont prêts à la paix… »!

Face au brouillard communicationnel, l’on est tenté de se demander : De qui se moquent Américains et Iraniens, dans ce jeu de dupes qui s’apparente à un mélodrame de la Grèce antique ?