En 2007, un leader de parti politique sénégalais avait rencontré Abdoulaye Wade. L’ancien président du Sénégal avait exprimé le désir de dialoguer avec l’opposition. Le leader en question avait avait à l’occasion demandé quelle était la nature du différend qui l’opposait à Idrissa Seck, son ex-premier ministre. Le pape du Sopi avait répondu : « Il a volé mon argent : 74 milliards de FCFA ». L’autre interloqué bafouilla: « mais Monsieur le président, les fonds politiques votés par l’Assemblée nationale n’atteignent pas 74 milliards ». Wade ajouta: « Qui dit qu’il s’agit de fonds politiques ? Il y a là également l’argent du Koweït ».
Voici donc l’origine mystérieuse du conflit entre le Vieux et son jeune Clone : une affaire de gros sous. En vérité les deux complices ont ourdi un complot contre le Sénégal pour piller ses ressources financières – dont des aides – et s’enrichir sans vergogne. Cela explique aussi pourquoi il ne pouvait y avoir de procès qui ferait éclater au grand jour les actes scandaleux de ce couple rendu fou par l’or et les ors des palais du pouvoir.
Tout commença par l’ouverture d’un compte bancaire à l’agence centrale de la Société Générale du Boulevard Haussmann à Paris. Ce compte fut ouvert au nom du Secrétariat général de la présidence de la République du Sénégal, fonctionnant avec les deux signatures de Abdoulaye Wade et Idrissa Seck. Ce compte très particulier a été crédité d’un chèque City Bank de 1.125.000euros – soit plus de 700 millions de FCA – donné à l’Etat du Sénégal par le Koweit. Cet argent, le Trésor public sénégalais n’en a jamais vu la couleur. Tout comme beaucoup d’autres chèques, car le total des retraits en espèces entre les mois de mai et juillet 2002 a atteint plus de 2 milliards de FCFA – soit exactement 3.204.000 euros.
Le principal exécutant des retraits en espèces est Lamine Faye, neveu de Wade.
Sans doute les deux complices au sommet de l’Etat se croyaient-ils tout permis, oubliant que de tels agissements suscitent bien des interrogations et font siffler les longues oreilles de Tracfin, l’institution française chargée de la lutte contre le blanchiment d’argent. Les autorités françaises ne pouvaient ignorer ces pratiques financières douteuses qui avaient lieu sur leur territoire dans une banque aux couleurs hexagonales.
Cet épisode peu glorieux de la première alternance ternit certes l’image et de Wade. Il est cependant beaucoup plus dommageable pour Idrissa Seck. Il conforte en effet le manque de confiance des Sénégalais à son égard et suscite une très grande méfiance envers lui de la part des autorités françaises.
Piller des ressources de son propre pays où l’immense majorité de la population souffre des méfaits du sous-développement est un crime impardonnable qui révèle un antipatriotisme notoire, une cupidité et un mépris envers l’ensemble des citoyens sénégalais.
Se tenant l’un l’autre par la barbiche, Abdoulaye Wade et Idrissa Seck ne pouvaient que signer le fameux protocole de Rebeuss pour éviter tout déballement suicidaire. Des fuites ont certes déjà eu lieu, mais il faut bien remonter au compte de la Société Générales du Boulevard Haussmann à Paris pour découvrir la genèse du complot, un pacte mafieux du Gorgui et de son Clone.