Le président du conseil régional du Gbêkê (centre de la Côte d’Ivoire), Jacques Mangoua, a été condamné à cinq ans de prison ferme pour détention illégale de munitions de guerre par le tribunal correctionnel de Bouaké.
Le président du conseil régional du Gbêkê a aussi été condamné à 5 millions de francs CFA (7.500 euros d’amende) et à cinq ans de privation de ses droits civiques. Pendant le débat, le procureur Braman Koné a rappelé qu’il avait découvert « 991 munitions de guerre de 7,62 mm, 49 munitions de fusils de type calibre 12 et 40 nouvelles machettes » et souligné qu’il n’y avait pas trace d’effraction sur le mur de la maison.
« Je suis innocent. Je n’ai rien fait. Si c’était moi qui avais déposé ces objets, pourquoi aurais-je porte plainte ? », a affirmé Mangoua, un des vice-présidents du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), ancien partenaire de la coalition au pouvoir, devenu le principal parti d’opposition.
L’entourage de Jacques Mangoua crie au « complot et au coup monté » : « C’est le président lui-même qui a averti la gendarmerie », assure Moïse Amani, chargé de mission auprès de Mangoua, cité par l’AFP. Amani a été condamné lors de la même audience à six mois de prison ferme pour « diffusion de fausses nouvelles » sur les réseaux sociaux.
« Les enjeux de cette affaire sont ailleurs, Mangoua préside une région qui se trouve être la plus grande de la Côte d’Ivoire et qui par conséquent est vitale pour l’élection présidentielle 2020. Il préside une région stratégique et est de l’opposition, alors cela est insupportable pour certains hommes politiques », a écrit à l’AFP sa fille, Joanne Mangoua.
La journée s’est déroulée dans la tension. Une centaine de militants du PDCI se sont massés devant le palais de justice dans la matinée, alors que d’autres partisans du conseil régional bloquaient depuis jeudi matin l’axe principal du pays, la route Abidjan-Bouaké qui mène au Mali et au Burkina Faso à hauteur de la ville de Djebonoua, à une trentaine de kilomètres au sud de Bouaké.
Mercredi, ses partisans, avaient barré des routes autour de Botro (40 km au nord-ouest de Bouaké, centre) et de Languibonou (ouest de Bouaké) aux cris de « Libérez Mangoua, libérez Mangoua ». C’est dans cette zone, à Béoumi, qu’avaient eu lieu des violences intercommunautaires qui avaient fait 10 morts en mai 2019.