Le chef de l’État nigérian est en Afrique du Sud, pour les besoins d’une visite d’État prévue, bien avant les violences anti-immigrants qui ont ensanglanté le pays de Mandela.
De nombreux nigérians vivant en Afrique du Sud ont été victimes de cette crise qui n’est la énième à opposer les habitants pauvres des banlieues sud-africaines, ouvriers, en majorité, contre les autres travailleurs migrants, ceux-ci, venant des pays limitrophes comme le Zimbabwe, la Zambie, mais aussi, de pays plus éloignés comme le Nigeria.
Cette fois-ci, les violences xénophobes ont soulevé une indignation internationale et obligé le président sud-africain, Cyril Ramaphosa à s’excuser, lors de son déplacement à Harare, pour assister aux obsèques du président Robert Mugabe.
La visite de Buhari se situe dans ce contexte post-crise et il est logique que les deux chefs d’État essaient de calmer les esprits. Il s’y ajoute que le Nigeria et l’Afrique du Sud sont les deux plus grandes économies du continent africain.
Une rivalité économique existe, étant donné que c’est le Nigeria qui a détrôné l’Afrique du Sud, même si le géant nigérian a des pieds d’argile, avec la menace de Boko Haram, la corruption endémique, l’inefficacité administrative, une monnaie peu solide et des inégalités sociales criardes.
L’Afrique du Sud aussi est confrontée aux mêmes défis des inégalités de, la pauvreté et du chômage endémique des jeunes. La xénophobie qui s’exprime de manière violente dans le pays de Mandela est fille de la politique d’Apartheid qui a inoculé le poison de l’aliénation multidimensionnelle dans le corps social. Les pauvres Sud-Africains désespérés, en proie à la précarité pensent que les travailleurs migrants « leur volent leurs emplois ». Ce qui est faux !
Ils sont aussi bien exploités que les migrants par un système capitaliste -doublé de racisme- qui continue de sévir, même si la majorité noire est au pouvoir depuis 25 ans. Car ce sont encore les Blancs ultra minoritaires qui tiennent les cordons de la bourse, à tous les niveaux.
C’est ce qui doit changer et il faudrait commencer par la redistribution des terres, en expropriant les propriétaires blancs, comme s’y était engagé Ramaphosa. Le problème de la xénophobie, en Afrique du Sud, est signe d’une société malade de ses inégalités et de l’injustice qu’elles sécrètent inexorablement.
Une visite d’État ne peut résoudre un tel problème, car sa solution ne se décrète pas. Il est vrai que, pendant la crise la police sud-africaine n’a pas été efficace et/ou a joué au laxisme. Parce que les policiers eux-mêmes sont victimes de cette aliénation qui fait des dégâts dans la société post-coloniale.
La vraie solution passe par l’école et des actions vigoureuses pour diminuer la mainmise blanche sur l’économie. Pauvreté et ignorance ne peuvent favoriser la fraternité et la lucidité. Le show Ramaphosa /Buhari est bon pour l’image. Il ne résout rien. Hélas !