Après une semaine d’anarchie et de violences xénophobes en Afrique du Sud, qui ont fait douze morts, le Nigeria va rapatrier quelque 600 de ses ressortissants. Un geste hautement politique dans un contexte de tensions entre les deux grandes puissances du continent.
Le Nigeria compte évacuer tous les Nigérians qui « souhaitent rentrer à la maison ». Ainsi, 600 personnes environ, sur plus de 100.000 Nigérians vivant actuellement en Afrique du Sud, s’étaient manifestées et devaient être rapatriés à partir de mercredi, selon Le consulat nigérian à Johannesburg cité par l’AFP.
L’émissaire spécial envoyé la semaine dernière à Pretoria pour rencontrer le président Ramaphosa, est rentré à Abuja ce week-end et en a rendu compte au chef de l’Etat Muhammadu Buhari lundi.
« Le président Ramaphosa reconnaît que cette vague de violence est déconcertante et gênante », a fait savoir la présidence lundi. « Elle abîme non seulement l’image du pays, mais aussi ses relations avec ses frères, les pays africains ».
Les deux présidents doivent se rencontrer en Afrique du Sud en octobre, lors d’une visite prévue depuis plusieurs semaines. Depuis une semaine, au Nigeria, chaque célébrité, petite ou grande, et chaque homme politique réagit tantôt pour annuler concerts et festivals de cinéma, tantôt pour déclarer la guerre totale » à l’Afrique du Sud.
Après trois jours d’accalmie, de nouvelles violences ont éclaté dimanche dans plusieurs quartiers de Johannesburg. La police a été contrainte de tirer des balles en caoutchouc et des grenades paralysantes pour disperser une foule de plusieurs centaines de manifestants armés de bâtons, qui ont détruit des magasins en exigeant le départ des étrangers.
Au moins deux personnes ont été tuées, portant le bilan à douze morts. Bien que les victimes soient majoritairement des nationaux, les attaques, les pillages de commerces et les bastonnades sont, eux, dirigés contre les étrangers établis dans la première puissance industrielle du continent.
La police a effectué plus de 600 arrestations et les dégâts sont considérables, particulièrement dans les townships et le centre-ville de Johannesburg, où les magasins étaient restés fermés lundi.
La semaine dernière, de nombreux pays africains avaient vivement réagi face à la violence des images qui tournent en boucle sur les réseaux sociaux, et le Nigeria, qui rivalise depuis des années avec l’Afrique du Sud pour la place de première puissance économique du continent, a pris la tête du mouvement.