Le Zimbabwe a interdit les transactions courantes en monnaies étrangères. Il s’agit de la énième tentative le pays d’assécher le marché noir des devises et d’éviter le retour de l’hyperinflation qui a ravagé l’économie du pays.
« À compter du 24 juin, la livre britannique, le dollar américain, le rand sud-africain ou tout autre monnaie ne peut plus servir de devise avec le dollar zimbabwéen pour une quelconque transaction », a annoncé lundi la Banque centrale du Zimbabwe. En conséquence, le dollar zimbabwéen reste la seule devise autorisée pour les transactions au Zimbabwe.
L’annonce des autorités zimbabwéennes de mettre fin à cette disposition – une décision déjà controversée – rapproche un peu plus le pays du rétablissement d’une véritable devise nationale, promis à plusieurs reprises par le président Emmerson Mnangagwa.
Lundi, le ministre des Finances, Mthuli Ncube, a justifié sa décision d’interdire les devises étrangères par la nécessité de « ramener la situation sous contrôle », selon l’AFP.
Depuis 2009, il était possible de régler ses dépenses (supermarché, essence, factures à l’hôpital…) en devises étrangères, notamment en dollars américains très prisés des commerçants, dans ce pays d’Afrique australe.
Au pouvoir depuis fin 2017 et la démission de Robert Mugabe, maître absolu pendant trente-sept ans, Mnangagwa promet de relancer l’économie. Manque de liquidités, monnaie en chute libre, forte inflation, chômage endémique, le Zimbabwe est encore englué depuis deux décennies dans une interminable crise, selon les observateurs.
En 2009, le pays avait été contraint d’abandonner sa devise, totalement dévaluée par une hyperinflation vertigineuse de plusieurs centaines de millions de pour cent, au profit du dollar américain et du rand sud-africain notamment.
Mais les précieux billets verts se sont faits de plus en plus rares, au point d’étrangler l’économie. En 2016, le gouvernement a alors introduit des “bonds notes”, des obligations d’État de la même valeur que les billets verts.
Là encore, l’opération a échoué. La valeur des « bonds notes » s’est écroulée, l’inflation a repris, creusé les déficits et provoqué le retour des pénuries de produits de base comme le pétrole, le sucre ou les médicaments et, depuis deux mois, des coupures d’électricité généralisées.