Le bras de fer entre les généraux au pouvoir au Soudan et la contestation a pris une tournure violente lundi avec la dispersion par la force du sit-in des manifestants à Khartoum. Le bilan à date est de 35 morts et plus de 116 blessés.
Plus de 35 personnes sont mortes et des centaines ont été blessées dans la dispersion lundi, sur ordre du Conseil militaire, du sit-in devant le QG de l’armée à Khartoum, a annoncé mardi le Comité central des médecins soudanais. Il s’agit du dernier bilan provisoire fourni par ce groupe de professionnels proche du mouvement de contestation, qui précise dans un communiqué que de nombreux blessés sont en “soins intensifs”.
Le Conseil militaire de transition a lui démenti toute « dispersion par la force » du sit-in. « Il n’y a plus rien à part les corps des martyrs que nous ne pouvons pas sortir », a de son côté avancé l’Alliance pour la liberté et le changement (ALC), fer de lance de la contestation, alors que le lieu du sit-in reste inaccessible.
En réaction, l’ALC a annoncé interrompre « tout contact politique » avec le Conseil militaire. Elle a appelé à « la grève et la désobéissance civile totale et indéfinie à compter d’aujourd’hui », dans le but de « renverser le régime ». Dans son dernier bilan provisoire, le Comité central des médecins, proche de la contestation, a fait état d’au moins 35 morts et plus de 116 blessés.
Les manifestants, qui réclament depuis des semaines un transfert du pouvoir aux civils, ont mis le feu à des pneus et érigé des petits murets avec des briques sur des routes accédant au lieu du sit-in, ainsi que sur d’autres axes de la capitale.
Le Conseil militaire a donné une autre version des évènements. « Nous n’avons pas dispersé le sit-in par la force », a dit son porte-parole, le général Shamseddine Kabbashi, à la chaîne de télévision Sky News Arabia. Il a affirmé que les forces de sécurité avaient visé lundi matin un secteur « dangereux » proche du sit-in, où se déroulaient des activités illicites. Selon lui, de nombreuses personnes ont fui ce secteur « et sont entrées sur le lieu du sit-in », ce qui a résulté dans le départ des manifestants, d’après la même source.
L’ALC a appelé à l’« intervention urgente » d’organisations humanitaires citant la Croix-Rouge, le Croissant-Rouge et Médecins sans frontières (MSF). Elle a également appelé dans un communiqué à des « marches pacifiques et des cortèges dans les quartiers, les villes, les villages ».
Depuis le 6 avril, des milliers de manifestants campaient devant le siège de l’armée. Après avoir demandé le soutien des militaires contre le président Omar El-Béchir, ils exigent le départ du pouvoir des généraux.