Kaïs Saïed, le président tunisien au pouvoir depuis 2019 et dont le mandat de cinq ans arrive à son terme, a annoncé mardi la tenue d’une élection présidentielle le 6 octobre prochain.

 

“Le président de la République a émis un décret ce jour, le 2 juillet 2024, convoquant les électeurs pour une élection présidentielle le dimanche 6 octobre 2024”, a indiqué la présidence dans un communiqué.

Élu président en 2019, Saied n’a pas officiellement annoncé sa candidature, mais il a déclaré l’année dernière qu’il ne céderait pas le pouvoir à ce qu’il appelle des non-patriotes.

L’opposition affirme que des élections équitables et crédibles ne pourront être organisées que si les hommes politiques emprisonnés sont libérés et si les médias sont autorisés à faire leur travail sans subir de pressions de la part du gouvernement. Les partis d’opposition, dont le parti islamiste Ennahda et le Parti constitutionnel libre, affirment que le gouvernement tente d’exclure les principaux rivaux de M. Saied de l’élection.

Au début de l’année, Saied a critiqué ce qu’il a qualifié de “bousculade des politiciens pour le poste”, affirmant que ceux qui avaient précédemment boycotté les élections législatives voulaient maintenant son poste. Abir Moussi, chef du Parti constitutionnel libre et candidate de premier plan selon les sondages d’opinion, est en prison depuis l’année dernière pour atteinte à la sécurité publique. Le parti de Moussi affirme qu’elle a été emprisonnée dans le but de l’écarter de la course électorale et d’éviter un candidat très fort. Les autorités nient cette affirmation.

D’autres candidats, dont Safi Saeed, Lotfi Maraihi, Nizar Chaari et Abd Ellatif Mekki, font l’objet de poursuites pour de présumés délits tels que la fraude et le blanchiment d’argent. Mondher Znaidi, un candidat potentiel de premier plan qui vit en France, fait également l’objet de poursuites pour des soupçons de corruption financière.

Saied s’est emparé de la quasi-totalité des pouvoirs en 2021, a dissous le parlement et a commencé à gouverner par décret, ce que l’opposition a qualifié de coup d’État. Il a déclaré que ses mesures étaient légales et nécessaires pour mettre fin à des années de corruption endémique au sein de l’élite politique.

D’éminents opposants au président sont détenus depuis l’année dernière pour conspiration contre la sécurité de l’État, dans le cadre d’une vague de répression qui a touché des hommes d’affaires, des personnalités du monde des médias et des hommes politiques.