Emmanuel Macron, président de la République française, a souvent été considéré comme un stratège politique astucieux. L’un de ses mouvements les plus marquants a été sa gestion des législatives européennes et françaises. Après une performance décevante de son parti lors des élections européennes, Macron a décidé de dissoudre l’Assemblée nationale, une décision qui s’est avérée être un coup de maître pour plusieurs raisons.
Lors des élections européennes, la coalition de Macron, “Ensemble” , a subi une défaite notable face au Rassemblement National (RN) de Marine Le Pen. Cette perte a été un coup dur pour Macron, qui avait misé sur une forte performance européenne pour consolider sa position sur la scène politique française et européenne. Cependant, au lieu de se laisser abattre par cette défaite, Macron a vu une opportunité de redéfinir le paysage politique français.
La Dissolution de l’Assemblée Nationale
En posant cet acte, Macron a créé un tremblement de terre politique. Cette décision, bien que risquée, a été prise avec une vision claire en tête : détourner l’attention de la défaite européenne et se donner une nouvelle chance de reconquérir la confiance des électeurs lors des législatives françaises. En remettant en jeu tous les sièges parlementaires, il a transformé l’échec européen en une nouvelle bataille politique, recentrant le débat sur les enjeux nationaux plutôt qu’européens.
Le cordon sanitaire et les triangulaires
Macron savait pertinemment que le système électoral français pouvait jouer en sa faveur grâce à la dynamique des désistements et des triangulaires. Le système français permet, au second tour des législatives, des alliances et des désistements stratégiques pour barrer la route à des partis extrémistes comme le RN. Ce “cordon sanitaire” a été historiquement utilisé pour empêcher le RN d’obtenir des sièges, même s’il arrive en tête au premier tour.
Lors des législatives, le RN a effectivement obtenu de bons résultats au premier tour, mais le véritable test a été le second tour. Grâce à des accords tacites et explicites entre les partis traditionnels, des triangulaires (où trois candidats sont en lice au second tour) se sont formées, et des désistements stratégiques ont eu lieu pour favoriser le candidat le mieux placé pour battre le RN.
Le Nouveau Front Populaire
La formation du Front Populaire a été une autre manœuvre clé. En poussant les diverses forces de gauche et de centre-gauche à se regrouper, Macron a pu former une alliance suffisamment forte pour contrer le RN. Cette coalition a réussi à mobiliser les électeurs au second tour, consolidant un vote républicain contre le RN. Ce front uni a non seulement limité l’influence du RN, mais a également permis à Macron de choisir ses interlocuteurs qui seront désormais les responsables de la Gauche et non ceux de l’extrême droite.
Le coup de génie de Macron réside dans sa capacité à transformer une défaite potentiellement dévastatrice en une opportunité de renouvellement politique. En dissolvant l’Assemblée nationale et en exploitant le système électoral français, il a réussi à barrer la route au RN et à reconfigurer le paysage politique à son avantage. Ce mouvement stratégique a démontré non seulement son habileté politique, mais aussi son engagement à maintenir les valeurs républicaines contre les forces extrémistes. Macron a prouvé qu’il pouvait non seulement survivre à une crise politique.
S’il n’y avait pas cette dissolution, le RN allait surfer sur sa victoire aux européennes et aurait gagner sans nul doute les législatives si celles si étaient tenues à date.
Par Souleymane Ly, Spécialiste en communication