L’ancien ministre sénégalais des Affaires étrangères, Ibrahima Fall

Une crise diplomatique est en train de couver entre le pouvoir de transition en place à Ndjaména et la Commission de l’Union africaine (UA).

Cette dernière avait annoncé la nomination de l’ex-ministre sénégalais des Affaires étrangères, Ibrahima Fall, comme « Médiateur, envoyé spécial au Tchad », il y a quelques semaines.

Mais cet acte n’a pas eu l’heur de plaire aux nouvelles autorités tchadiennes qui font la sourde oreille pour ne pas répondre à une demande de visite du « nouvel Envoyé spécial ».

Cette situation, pour le moins gênante voire  embarrassante, est devenue une véritable crise diplomatique.

C’est ainsi que la Commission paix et sécurité de l’UA, dirigée par l’algérien Smail Chergui, va conduire une mission dans la capitale tchadienne, en compagnie de l’Ambassadeur nigérian en poste à Addis Abéba,pour trouver une solution. Et permettre à Ibrahima Fall d’effectuer un voyage de prise de contact.

Après des années de repos, Fall retrouve le terrain caillouteux de la diplomatie internationale qu’il a déjà fréquenté en tant que ministre des Affaires étrangères et envoyé spécial onusien.

Selon des indiscrétions, la personne de Ibrahima Fall ne serait pas en cause, mais il s’agit plutôt de bisbilles entre le président de la Commission de l’UA, Mahamat Faki, qui est aussi l’ex-ministre des affaires étrangères de Déby père.

A l’évidence l’élection de Faki a été portée par le défunt président dont le fils assume le leadership de la transition fixée pour une durée de 18 mois.

Le nouveau pouvoir installé à Ndjaména  n’a pas apprécié la « façon non diplomatique » qui a marqué le choix de Fall par la Commission et la « manière » dont il en  a été informé.

C’est pourquoi, la venue de Fall est bloquée.

La crise a éclaté maintenant au grand jour  et, il faut souhaiter que les médiateurs qui arrivent ce vendredi sur place à Ndjaména réussissent dans leur mission de paix.

Tout le monde y a intérêt, à commencer par Déby Jr et son équipe, qui ont bénéficié d’un traitement de faveur de la part de l’UA, jusqu’ici.

Le Tchad n’a pas été suspendu de l’UA, alors que la jurisprudence l’imposait.

D’aucuns ont argué de la brutalité de la mort du président Déby, pour justifier cette mansuétude envers les militaires tchadiens et non ceux du Mali, par exemple.

Toutefois, il semble aussi qu’il y ait des frictions entre le fils Déby et l’ex-chef de la diplomatie de son père.

Si tel est le cas, la crise pourrait accoucher de lendemains incertains dans les relations entre le Tchad et l’UA.

La question du deadline de 18 mois serait  posée avec plus de fermeté, probablement et aussi la question de l’exclusion des  dirigeants de la transition à une éventuelle participation à la prochaine présidentielle.

A l’évidence, « l’affaire Ibrahima Fall » ne serait qu’un symptôme d’un mal plus profond, à la fois diplomatique et politique.

Ainsi la zone de turbulence tchadienne s’étendrait jusque dans la capitale éthiopienne, siège de l’UA, où le pouvoir en place fait face à une guerre dans la région du Tigré.

Même si les deux contextes sont différents, c’est encore, une vaste partie du continent africain qui reste en proie à l’instabilité.