Mamoudou Barry, un universitaire guinéen, a été victime d’une agression raciste à Rouen.

L’agression mortelle d’un jeune universitaire guinéen près de Rouen a suscité un fort émoi pour son caractère présumé raciste. L’agresseur, un homme de nationalité française, avec des antécédents psychiatriques, a été interpellé lundi matin mais sa garde à vue a été levée pour « raison médicale ».

Dans un premier temps, des sources policières avaient indiqué que le suspect était de nationalité turque. Mais le procureur de Rouen, Pascal Prache, a précisé à l’AFP dans l’après-midi que cette personne était de nationalité française. Né en 1990, le suspect, interpellé à Rouen, présente des « antécédents psychiatriques » et est « sous curatelle renforcée », avait indiqué une source policière.

Rappel des faits : Vendredi soir, Mamoudou Barry, enseignant-chercheur à l’Université de Rouen-Normandie, a été invectivé par son agresseur, à la hauteur de l’arrêt de bus Provence à Canteleu, alors qu’il rentrait chez lui en voiture avec son épouse, selon des proches de la victime et l’avocat.

« L’agresseur les a pointés du doigt et a dit: -Vous les sales noirs, on va vous niquer ce soir-», a expliqué Kalil Aissata Kéita, enseignant chercheur à l’Université de Rouen, lui aussi Guinéen et « ami proche » de la victime.

Barry serait descendu de sa voiture pour demander des explications. L’agresseur « l’a frappé à coups de poings et de bouteilles », puis « la victime est mal tombée, il a perdu beaucoup de sang. Quelqu’un a tenté de lui faire un massage cardiaque », a expliqué l’avocat de la famille des victimes, cité par l’AFP. Transporté au CHU de Rouen, Mamoudou Barry, père d’une petite fille, est mort samedi.

Âgée de 31 ans, la victime avait soutenu une thèse de droit le 27 juin à Rouen sur les « Politiques fiscales et douanières en matière d’investissements étrangers en Afrique francophone », selon le site de l’Université.

Cette agression mortelle avait suscité dimanche une cascade de réactions politiques, de droite comme de gauche. Lundi, le président guinéen, Alpha Condé, s’est déclaré « très touché ». « Le gouvernement guinéen suit de très près l’évolution des enquêtes diligentées par les autorités françaises », indique un communiqué de la présidence, en précisant que le chef de l’État « s’entretiendra avec l’ambassadeur de France en Guinée pour la suite à donner ».

L’ex-Premier ministre guinéen et opposant Sidya Touré s’est lui aussi dit « très peiné » par la mort du jeune enseignant « dans des conditions aussi tragiques ». A Dakar, le président sénégalais Macky Sall a condamné sur Twitter un « crime odieux ».