La décision étatique de modernisation des “daaras”, va bientôt être votée au Sénégal.

Le président Macky Sall réalise un coup de maître-c’est le cas de le dire- en faisant adopter, en conseil des ministres, le projet de loi instituant les « daaras modernes »(écoles coraniques modernes).

Et en saisissant l’Assemblée nationale en procédure d’urgence pour le vote de cette loi historique. En effet, il s’agit de réparer une injustice enracinée dans le pays par les colons qui ont imposé leur système éducatif en français au détriment de l’enseignement en langue arabe pratiqué dans les « daaras » depuis des siècles.

Si bien que des pans entiers du patrimoine éducatif et culturel sénégalais ont été longtemps négligés. Le projet de loi va réparer cette anomalie et permettre à tous les sénégalais qui le souhaitent de pouvoir inscrire leurs enfants dans des « daaras » modernes publiques.

Dans ces écoles coraniques modernes publiques et gratuites(comme dans les écoles publiques nationales en langue française), les deux premières années seront consacrées exclusivement à l’enseignement du Coran.

L’objectif étant de faire maitriser aux élèves la moitié des versets du Livre Saint. Après évaluation, suivra une seconde étape de trois ans qui leur permettra de finir l’apprentissage des 114 versets du Coran et le programme de l’école publique des niveaux CI, CP, et CE2(la langue d’enseignement de ces programmes n’est pas spécifiée). Ainsi en 5 ans, l’élève finit l’étude du Coran et atteint le niveau de CE2.

Il lui faudra encore trois ans pour compléter le programme du cycle primaire : CM1 et CM2, avec l’enseignement religieux centré sur la maitrise des concepts. À la fin de ce cycle les élèves passent le certificat d’études.

Ce curicula a été mis au point à la suite de larges concertations qui ont démarré depuis 2010, avec le ministre Kalidou Diallo. Le ministre Serigne Mbaye Thiam a eu le mérite d’avoir repris le dossier, sous la houlette du président Macky Sall, pour le finaliser.

Toutes les associations de maîtres coraniques, les foyers religieux, les « arabisants » ont donné un avis favorable à ce programme scolaire qui vient à son heure, celle du rendez-vous démocratique. Au fait il s’agit d’enrichir l’offre d’enseignement au Sénégal, pays de culture islamique et de respect de la diversité des cultes.

Pour arriver à ce consensus, de nombreux séminaires ont été organisés jusqu’à la rencontre de validation qui s’est tenue, il y a quelques jours, sous la présidence du premier ministre. Tous les acteurs ont validé le projet de loi qui devrait être adopté, sans difficulté, par les députés. Même les décrets d’application ont été discutés et approuvés.

Les conditions d’ouverture des « daaras », les programmes, les subventions, l’institution du Conseil des « daaras » chargé de l’application des textes(le gouvernement est représenté, les maîtres coraniques), tout a été passé au peigne fin et accepté.

Une fois la loi adoptée et promulguée, le Sénégal va disposer d’un outil important pour renforcer son système éducatif, en le rendant plus proche des préoccupations de l’immense majorité des populations. Cela va booster le taux brut de scolarité(TBS) qui n’est pas encore à la hauteur des exigences démocratiques d’un pays comme le Sénégal.

La laïcité consacrée dans la Loi fondamentale sénégalaise n’est en rien remise en cause. Au contraire car elle garantit la liberté de choix et la possibilité de l’exercer. Le baccalauréat arabe institué devient un horizon possible pour ces élèves des « daaras » modernes qui pourront intégrer l’enseignement supérieur, avec une formation de qualité qui n’a rien à envier à celle des écoles en langue française.

Toutes les langues se valent dans l’absolu. D’ailleurs l’idéal vers lequel nous devons tendre, en Afrique, est l’enseignement dans les langues africaines, toutes les langues africaines. L’anglais et l’arabe ont font partie, tout comme le français et le portugais, mais aussi, à fortiori, toutes celles qui y sont nées comme le yoruba, le zulu, le pulaar, le mandingue, le wolof, le lingala et des centaines d’autres.

Le gouvernement du Sénégal fait preuve de courage politique pour mettre fin à une longue injustice devenue intenable. Les écoles coraniques modernisées sont un impératif catégorique pour qui veut promouvoir la justice sociale en respectant les choix non-négociables de la majorité des populations.

Un enseignement coranique dans des conditions bien définies qui respectent les principes de la démocratie et les valeurs républicaines est une source d’enrichissement culturel et moral pour toute la nation sénégalaise.

Assurément !