Une tête de Toutankhamon a été vendue aux enchères à Londres malgré la colère du Caire.

Le pillage des richesses africaines ne cesse toujours pas. Cette fois c’est un portrait sculpté du pharaon Toutankhamon qui vient d’être vendu près de cinq millions de livres aux enchères à Londres. Propriétaire de l’œuvre, l’Égypte avait exigé l’annulation de la vente de l’œuvre qu’elle considère comme volée.

Une vente très critiquée

Malgré la colère du Caire, la tête en quartzite brun de 28,5 cm de haut du pharaon Toutankhamon, vieille de plus de 3.000 ans a été vendue ce jeudi à Londres par Christie’s. L’annonce de sa vente avait déclenché la fureur de l’Égypte, qui a réclamé en vain à la maison d’enchères londonienne d’y renoncer. Jeudi soir, une dizaine de personnes, agitant des drapeaux égyptiens, ont manifesté à proximité de la salle des ventes, avec de petites pancartes proclamant “L’histoire égyptienne n’est pas à vendre” et “Arrêtez le trafic d’antiquités“.

Le ministère égyptien des Antiquités a annoncé qu’il allait tenir une réunion spéciale au début de la semaine prochaine. « Le gouvernement égyptien prendra toutes les mesures nécessaires pour récupérer les antiquités égyptiennes qui ont quitté l’Égypte illégalement », a-t-il déclaré dans un communiqué. Mercredi, le ministère avait regretté que Christie’s organise une vente “avec des artéfacts égyptiens, dont la tête de Toutankhamon, sans s’assurer de (l’obtention) des papiers” nécessaires à la vente.

Des trésors volés.

L’œuvre datant de la période amarnienne représente le dieu Amon sous les traits de “l’enfant pharaon”, qui a accédé au trône à neuf ans. On reconnaît sa bouche charnue, ses yeux en amande et ses pommettes hautes. Elle n’est pas la première à quitter le territoire égyptien dans des conditions douteuses. En effet, plusieurs sculptures avaient quitté l’Égypte dans les années 1970, toutes volées au temple de Karnak à Louxor.

Le buste de Toutankhamon avait été acheté en 1985 à Heinz Herzer, un marchand d’art de Munich (Allemagne). Il était auparavant aux mains de Joseph Messina, un Autrichien qui l’avait acquis vers 1973-1974 auprès du prince Wilhelm von Thurn und Taxis, lequel l’aurait eu en sa possession depuis les années 1960, a assuré Christie’s.

Depuis plusieurs années, l’Égypte, riche en trésors archéologiques, récupère régulièrement de l’étranger des objets anciens volés. Parallèlement, Le Caire fait campagne pour le rapatriement d’objets actuellement exposés dans les musées européens.