Le 10ème jour du 12ème mois lunaire Dhul Hijjah, est célébré partout dans le monde musulman, comme une fête qui perpétue le geste du prophète Abraham (Sws) qui avait décidé de sacrifier son fils Ismaïl, par dévotion à son Seigneur avant que ce dernier, ne lui envoie l’archange Djibril(Gabriel) (Sws) lui substituer son fils par un bélier. C’est donc un symbole de fidélité et d’engagement envers Allah, le Très Haut. Recommandé par Allah (Swt), ce rite est érigé en sounnah par la pratique du messager Mouhammad (Sws). Compte tenu des ses aspects multidimensionnels, la Tabaski s’impose dans les sociétés musulmanes et particulièrement africaines, comme une obligation sociale incontournable.
L’Aïd al-Adhâ est souvent appelé Tabaski, en Afrique de l’Ouest, plus particulièrement au Sénégal, en Gambie au Mali et en Mauritanie. Cette fête qui commence le 10ème jour du mois lunaire Dhoul Hijjah par une prière collective de deux rakkas, se prolonge trois jours durant. Elle est surtout marquée par l’immolation d’un mouton, chèvre, bœuf ou chameau.
La viande est divisée en trois parties : une pour la consommation domestique, une autre, à offrir aux pauvres et une troisième à conserver pour une consommation ultérieure. Cette règle dogmatique n’est plus conforme à la pratique de la plupart des musulmans, notamment en Afrique de l’Ouest.
D’abord, le mouton semble être le favori exclusif des pratiquants de la Tabaski. Il devient, de plus en plus rare de voir des familles opter pour la chèvre, le bœuf ou le chameau, en dépit du prix très élevé du mouton. Il est fréquent également que des couples se disputent à cause du mouton qui fait défaut le jour « J ».
Paradoxalement, il se pourrait que ces mêmes couples n’observent pas rigoureusement les 5 prières, pourtant, obligatoires ! Tout cela prouve que l’aspect social, est en train de l’emporter sur l’aspect cultuel. La Tabaski, dont l’appellation viendrait du Tamashek (Tafaska) est aussi une grande fête musulmane (Al-Aïdoul Kabir) (la grande fête en arabe, par opposition à Aïd al-Fitr, fête marquant la fin du ramadan).
C’est ainsi une occasion pour se parer des plus beaux habits. L’après-midi est consacré aux visites réciproques entre voisins adultes, tandis que les plus jeunes s’adonnent librement à la quête de petits cadeaux.
En dépit de son importance, cette fête prend des proportions débordantes dans certains pays du monde musulman, particulièrement en Afrique où le prix du mouton, le coût des habits de fête et autres charges perturbent souvent la quiétude des chefs de familles. Il arrive qu’au lendemain de la fête, certains parents perdent carrément le sommeil, à cause d’un endettement excessif. Il y a aussi qu’au niveau des États, une politique de régénération du cheptel, devra être mené, de peur que celui-ci ne soit décimé à long terme.
Tout comme, le problème d’insalubrité publique qu’engendrent les pratiques de la Tabaski, doit être pris en charge, de manière à éviter que cela ne se transforme en problème d’hygiène et de santé publique.
Il y a toujours, l’épineux problème d’observation de l’apparition de la nouvelle lune. L’usage des nouvelles méthodes scientifiques pour observer la nouvelle lune, se heurte plus que jamais à l’instinct de conservation des méthodes traditionnelles.
Résultat : il y a souvent deux fêtes, en deux jours différents dans un seul pays. Les autorités administratives et patronales ont de la peine à prolonger indéfiniment le calendrier des jours fériés. Compte tenu de l’impact socioéconomique qui résulte de cette problématique, les États, bien que laïques, sont appelés à jouer leurs rôles de facilitation et d’encadrement pour amener les différents démembrements des communautés musulmanes, à accorder leurs violons pour une meilleure symphonie.