Les autorités de l’Institution Sainte Jeanne d’Arc de Dakar viennent de verser de l’huile sur le feu, en décidant d’interdire la réinscription des élèves musulmanes voilées.
Elles ont ainsi, déclenché un feu social et confessionnel qui pourrait très rapidement se transformer en incendie, comme la manifestation, organisée devant l’établissement scolaire, ce jour, le laisse percevoir.
Pourquoi diable ouvrir la boite de Pandore d’un « débat » qu’on croyait clos, avant la fermeture des classes, suite à une levée de boucliers, sur le même sujet ? L’irresponsabilité des « autorités » de l’établissement se mesure à leur manque de perspicacité qui leur a fait penser qu’elles pouvaient se cacher derrière un « changement de règlement intérieur » pour se débarrasser des « élèves voilées ».
Ne se doutant pas qu’elles allaient faire éclater une bombe sociale de rentrée scolaire, en semant tristesse et désolation chez beaucoup de parents d’élèves. Y avait-il urgence et/ou péril en la demeure pour engager une chasse aux « sorcières voilées » ? Ont-elles oublié les sœurs voilées qui travaillent dans l’Institution ? Un voile est-il plus transparent ou plus pernicieux qu’un autre ?
En vérité, ceux qui combattent les voiles ont une démarche à géométrie variable, se voilant la face quand cela les arrange, et dévoilant leur parti-pris au pied du lieu de culte. Religieuses chrétiennes et femmes musulmanes voilées ont les mêmes droits et la liberté de leur choix confessionnel.
Le Sénégal, pays laïque, garantit la liberté de culte à tous ses citoyens et la concorde qui règne, dans ce domaine qui transcende toutes les barrières, a toujours fait la fierté des Sénégalais. Et suscité l’admiration des autres citoyens des pays du monde entier.
Il y a quelques jours, l’ex-Directeur général de la FAO, Jacques Diouf a été enterré au cimetière musulman de Saint-Louis. Ceux qui ne le connaissaient pas, ont été surpris d’apprendre qu’il était musulman.
Au Sénégal, on choisit l’homonyme de son fils, selon des critères qui transcendent les orientations confessionnelles. Comme les liens familiaux et l’amitié les transcendent.
Si les autorités de l’Institution Jeanne D’Arc, avaient un peu réfléchi, elles n’auraient pas choisi de réveiller « la FITNA », dans un pays de paix et de symbiose sociale, culturelle et religieuse.
Le creuset culturel sénégambien a existé avant l’avènement du Christianisme et de l’Islam au Sénégal. Si les « responsables » de Jeanne d’Arc avaient appris leurs leçons, ils ne tomberaient pas dans une provocation inutile.
Maintenant, il appartient à l’État de faire respecter la LOI et, par là-même, son autorité. Les élèves voilées ont le droit de retrouver les classes, pour que cette tempête dans un verre d’eau s’arrête. Sinon, attiser le feu est une option aux conséquences imprévisibles.