Le président namibien Hage Geingob a lancé un débat sur une nouvelle réforme foncière.

La Namibie va exproprier les propriétaires terriens étrangers qui ne vivent pas sur son sol. Cette opération entre dans le cadre d’une nouvelle réforme destinée à corriger les « inégalités foncières héritées de son époque coloniale », selon le président namibien, Hage Geingob.

La Namibie fut une colonie allemande de 1884 à 1915, avant que la Société des nations donne mandat d’administration à l’Afrique du Sud qui prend le contrôle du pays jusqu’à son indépendance en 1990.

Le nouveau gouvernement a alors engagé une politique de transfert des terres sur la base du volontariat des propriétaires qui n’a eu que peu d’effets. Il y a deux ans, les autorités regrettaient qu’une large majorité des terres agricoles étaient encore détenues par des étrangers, Allemands ou Sud-Africains.

« Les propriétaires actuels doivent proposer plus de superficie à la vente et pas seulement des terres non cultivées », a déclaré le président Geingob en clôturant une conférence nationale qui s’est tenue pendant cinq jours dans la capitale. « Cette conférence nous a donné un mandat clair pour exproprier les propriétaires absents (du pays) et les terres qui sont manifestement sous-utilisées », a ajouté le président dans une déclaration relayée par l’AFP.

Les propriétaires indemnisés

Le chef de l’État a précisé vendredi que les propriétaires expropriés seraient indemnisés. « Nous allons définir la notion de juste compensation afin d’éviter la répétition des difficultés du passé. Une loi et des décrets seront adoptés dans les prochains mois pour accompagner cette procédure », a-t-il promis.

Dans l’Afrique du Sud voisine, un projet de réforme équivalent qui prévoit des expropriations sans indemnisation pour corriger, selon son président Cyril Ramaphosa, “l’injustice historique” de l’apartheid suscite de vifs débats.

Selon l’AFP, la Namibie compte 2 millions d’habitants, dont 7% de Blancs. Le président a également tenu à rassurer spécialement les Namibiens blancs. « Vous avez entendus (lors de la conférence) des propos chargés d’émotion et vous vous demandez si vous êtes en sécurité et bienvenus. Ceci est votre pays », leur a-t-il lancé.

Le président namibien a rappelé son hostilité aux évictions forcées des terres détenues par les Blancs, ainsi que fut le cas au Zimbabwe au début des années 2000. « Notre Constitution permet les expropriations, que le propriétaire le souhaite ou non, pas les saisies arbitraires », a-t-il souligné.