C’est aujourd’hui, la « journée internationale de la francophonie » célébrée sur les quatre continents où se parle la langue de Molière. Cet événement devrait revêtir un cachet particulier en Afrique où vit la majorité des personnes francophones, si on prend les « statistiques brutes ».
De ce point de vue, la R.D.CONGO serait le premier pays francophone du monde avec ses 80 millions d’habitants environ. La France, berceau de la langue française ne compte que 66 millions d’habitants. Au vu de la dynamique démographique africaine, le continent noir est bien l’avenir de la francophonie.
Ce n’est d’ailleurs que justice car ce sont les dirigeants africains comme Senghor, Bourguiba et Hamani Diori, avec le cambodgien Norodom Sihanouk, qui ont porté la francophonie sur les fonts baptismaux. Les hommes d’État français, par complexe colonial, ne pouvaient ni porter ce projet, ni le soutenir ouvertement.
Aujourd’hui encore cette gêne semble peser sur les pays occidentaux francophones, en général, quand il s’agit de défendre la francophonie. Pourtant l’héritage francophone est une réalité planétaire, même si le nombre de locuteurs de la langue française est assez limité, comparé au chinois, à l’espagnol et à l’anglais.
Mais, il y a un trésor culturel, nourri par l’histoire et fécondé par une diversité exceptionnelle, que tous les francophones ont en partage. Occidentaux, asiatiques, américains et africains peuvent en être fiers, tout en cultivant leur propre champ national. Il n’y a aucune contradiction que d’être francophone, et même francophile et fondamentalement africain, enraciné dans ses cultures millénaires.
D’ailleurs, les défenseurs de la francophonie l’ont bien compris, en mettant l’accent sur la promotion de la diversité culturelle. Une fois qu’on a dit ça, tout commence. Et, force est de constater que la francophonie n’est pas à la hauteur des attentes de la jeunesse africaine.
La décision des autorités françaises d’augmenter, de manière inouïe, les droits d’inscriptions dans les universités françaises, pour les étudiants étrangers, va porter un coup terrible à la francophonie. Heureusement qu’il y a déjà de nombreuses universités françaises qui ont décidé de ne pas appliquer cette hausse incroyable et brutale.
Tout le monde comprend que les études universitaires ont un coût et que celui-ci doit être supporté par tous. De ce point de vue, une hausse modérée et « séquencée » serait comprise, mais non un choc comme celui qui a été imposé.
Cette année sera donc marquée comme un moment de recul pour la francophonie, alors que celle-ci, a besoin d’initiatives fortes pour se développer dans le monde et, pour renforcer ses acquis en Afrique. L’avenir de la francophonie sur le continent n’est pas garanti, comme l’exemple rwandais le démontre. Kagamé a imposé un bilinguisme que personne n’a vu venir. C’est, peut-être une bonne chose, mais c’est le fait du prince.
Il faut exhorter les gouvernements africains à se lancer dans l’enseignement des langues nationales africaines qui sont aussi riches que toutes les autres. Elles sont incontournables pour émanciper l’Afrique sur tous les plans. Ce projet doit être prioritaire et lucide.
C’est pourquoi, il fera place à la francophonie, et à l’enseignement de toutes les autres langues du monde comme l’anglais, mais aussi le chinois, l’hindi, l’arabe, l’espagnol etc.
Célébrer la francophonie, oui, avec toutes les langues, créées par le génie de l’homme. C’est la culture qui crée la langue qui en devient le vecteur, la sève nourricière et qui l’irrigue. Les langues africaines sont un patrimoine pour toute l’humanité. Elles doivent aussi être célébrées et magnifiées.