Le président français, Emmanuel Macron a renoncé à se rendre à N’Djamena pour participer au sommet du G5 sahel prévue les 15 et 16 février. Le faux bond de Macron est justifié par « les questions sanitaires liées à la pandémie du covid 19 ». Cette justification semble un peu courte, dans la mesure où le déplacement du leader hexagonal avait été planifié et annoncé, depuis un bon moment, en toute connaissance de cause, dans le contexte d’une pandémie planétaire. Macron se déplace souvent en Europe, même s’il a beaucoup limité ses sorties internationales. Que le voyage au Tchad soit périlleux, au vu de la situation sanitaire de ce pays, personne ne peut le croire.

On aurait pu mettre en exergue la situation difficile qui est celle de la France et qui exige une présence permanente du chef de l’Etat. La France vient de passer le cap terrifiant de 80 000 morts de la covid, avec une moyenne de 20 000 contaminations journalières. Il y a assurément urgence à mobiliser l’Exécutif et toute la société française pour combattre efficacement cette pandémie qui a mis à nu les faiblesses criardes de ce pays développé et riche, mais piégé par son manque de préparation, ses négligences coupables en matière d’industrie vaccinale et sanitaires en général. Comme l’immense majorité des pays occidentaux dépendants de la Chine pour les masques, les respirateurs et, aujourd’hui dépendants des USA pour les vaccins.

Mais ce n’est qu’une partie de l’explication car, il y a aussi un calcul politique dans ce rétropédalage « macronien ». Aller à N’Djamena, c’est booster la candidature du président Idriss Deby à un… 6ème mandat présidentiel, après 30 ans de règne. Ce serait encourager le recul démocratique qui semble la règle en Afrique Centrale. il s’y ajoute le culte de la personnalité qui semble coloniser l’esprit de Déby qui s’est fait élever à la « dignité » de Maréchal. L’ivresse du pouvoir lui a fait oublier la fin tragi-comique du Maréchal Mobutu de l’ex-Zaire et de l’Empereur Bokassa. Deby qui tient le G5 Sahel à bout de bras grâce à ses soldats très professionnels est une « pièce maitresse » du dispositif français dans la lutte contre les islamistes.

Deby qui est au four du Sahel et au moulin des bords du lac Tchad où sévit Boko Haram, est bien l’homme fort de la région. Il le sait et profite de la situation. Le faux bond de Macron ne lui plaira pas ; mais il pourrait lorgner des compensations, pour l’effort de guerre et …la campagne électorale. De quoi soulager d’une déception.