Le chef d’état-major français, le général François Lecointre, avait réaffirmé l’importance de l’opération Barkhane au Sahel.

S’adressant aux membres du G5 Sahel, réunis à Ndjamena, par visioconférence, le président français Emmanuel Macron a précisé que la présence militaire de son pays va se poursuivre.  Un retrait des soldats français serait une erreur et « fragiliserait les efforts accomplis jusque-là » affirme-t-il. Donc les plus de 5000 soldats engagés au sein de la force BARKHANE continueront leur mission de lutte contre les terroristes jihadistes dans le Sahel et le « grand Sahara ».

Pourtant, un sentiment de découragement voire de lassitude semblait avoir gagné Paris et Macron hésitait sur ses options quant à la poursuite de l’engagement militaire dans cet océan désertique où une victoire totale serait une gageure. Mais il considère que des succès appréciables ont été obtenus et que l’enjeu en vaut la chandelle, de redoubler d’efforts pour porter des coups fatals aux terroristes affiliés à Al Qaida. Les groupuscules dirigés par AG ALY, d’un côté et par Amadou Koufa, de l’autre, seront les cibles prioritaires.

Il faut donc s’attendre à une recrudescence de la violence :attaques terroristes et opérations militaires coordonnées en ripostes. Les forces françaises et celles du G5 Sahel travailleront en synergie pour essayer d’éradiquer le jihadisme terroriste qui s’est incrusté dans cette région du continent africain. Depuis 2013 que la France intervient dans cette zone, d’abord pour sauver le Mali agressé, ensuite pour sécuriser l’ensemble des lieux ciblés par les criminels ; rien n’indique qu’une victoire totale soit en vue dans un futur proche.

C’est sans doute cette évidence cruelle qui explique le spleen élyséen, parfaitement compréhensible. Toutefois la volte-face de Macron est aussi compréhensible et ses argument sont défendables. Mais les seules forces françaises et du G5 Sahel ne suffisent pas ; il faut donc du renfort et l’invitation faite au président sénégalais Macky Sall ressemble aussi à un appel à l’aide. Du reste, depuis le début, la volonté des États membres du G5 Sahel d’écarter le Sénégal participait plus d’une vision sectaire nourrie par une jalousie « stupide » que d’une analyse lucide de la situation.

Le Sénégal est un pays sahélien, membre fondateur du CILSS et qui partage ses frontières avec le Mali et la Mauritanie(deux pays membres du G5 Sahel). Il s’y ajoute qu’il a une armée solide qui a fait ses preuves sur tous les théâtres d’opération où sont intervenus les casques bleus onusiens du Congo, au Soudan, en passant par le Liban, la Bosnie, le Libéria, la Côte d’Ivoire, entre autres, et le Mali, où se trouvent 1300 soldats sénégalais au sein de la MINUSMA.

Pour l’heure Déby a décidé d’envoyer plus de 1000 soldats dans la zone redoutable des « trois frontières » entre le Mali, le Burkina et le Niger. Ce renfort est bien venu et le professionnalisme des soldats tchadiens est reconnu et apprécié partout. Le sommet du G5 Sahel au Tchad est donc celui de la relance de la lutte anti-terroriste. Les chefs d’État de cette structure portée à bout de bras par Paris, peuvent être soulagés par l’annonce de Macron. Ils ont, cependant intérêt à mobiliser leurs populations pour soutenir la bataille contre les terroristes. Il s’agit d’un combat vital pour la liberté, la démocratie et la paix sociale.