Ce premier septembre, des « corporations sud-africaines » appellent à manifester contre les étrangers, accusés de tous les pêchés d’Israël.
Les gouvernements des pays limitrophes comme le Zimbabwé ont demandé à leurs ressortissants de se calfeutrer chez eux et/ou de faire profil bas. Il faut espérer que la violence xénophobe ne déferle pas, encore une fois, dans le pays de Mandela, malheureusement coutumier des faits.
Depuis la fin de l’Apartheid et l’avènement du « pouvoir démocratique » en 1994, de multiples échauffourées xénophobes, « anti-immigrés » ont terni l’image du pays et causé saccages de biens et même des assassinats d’étrangers.
Ce comportement est inadmissible partout dans le monde et, particulièrement dans un pays qui a bénéficié de la solidarité planétaire, dans sa lutte contre le régime raciste et despotique des Blancs sud-africains.
Les raisons de cet enracinement de la xénophobie sont nombreuses : il y a d’abord les pratiques ségrégationnistes des tenants de l’Apartheid qui sévissaient en Afrique du Sud et dans les pays voisins, comme les deux Rhodésie (devenues Zimbabwe et Zambie), mais aussi en Namibie.
Ils divisaient les ouvriers de ces différents territoires pour mieux les exploiter, et favorisaient, par-là même, les conflits entre eux. L’Apartheid avait pour objectif principal l’exploitation économique des Noirs, de leurs terres et de leur force de travail.
Il y a, ensuite qu’aujourd’hui, le « pouvoir politique noir » n’a pas mis fin à l’exploitation économique capitaliste qui reste un « instrument » entre les mains de la minorité blanche.
Après 25 ans de démocratie, 79 % des terres arables sont encore entre les mains des Blancs qui monopolisent l’appareil économique et financier du pays et laissent l’immense majorité de la population noire dans la misère. Le taux de chômage officiel est d’environ 27%.
Les travailleurs stressés, exploités et désespérés ciblent les immigrés « venus leur voler leur travail ». Et utilisent un langage qui serait qualifié de raciste s’il était utilisé par des Blancs. Ces travailleurs noirs sont aliénés, dans le sens marxiste du terme. Ils n’ont pas conscience de l’origine réelle de leur situation de misère qui perdure, malgré la « fin de l’Apartheid ».
La vérité est que l’avènement de la démocratie a certes permis de faire des avancées dans de nombreux domaines, comme l’éducation -ce qui est essentiel à long terme-, mais des défis redoutables ne sont pas relevés. Notamment la redistribution des terres, sans laquelle la « fin de l’Apartheid » est chimérique.
Ce combat mérite toutes les audaces, y compris celle que l’ex-président du Zimbabwé, Robert Mugabé a osé, pour reprendre aux Blancs les terres qu’ils avaient volées. Ramaphosa doit agir pour rétablir le Droit et la justice foncière. Cela permettrait, si les choses sont bien faites, de booster le secteur agricole et de créer des milliers d’emplois.
Il y a aussi l’urgence de relancer la machine économique, par tous les moyens nécessaires, pour booster le taux de croissance et doper la création d’emplois.
On le voit, la xénophobie, ici, est signe d’un mal-vivre, l’ombre portée d’une désespérance sociale que le régime a l’obligation d’identifier, comme tels, pour pouvoir y apporter des solutions pérennes. Hurler avec les loups ou détourner le regard, est une faute politique.
L’Afrique du Sud a mal de la pauvreté qui asphyxie les jeunes Noirs, toujours plus nombreux et moins éduqués. Elle a aussi mal de la criminalité subséquente qui gangrène ses villes.
Un quart de siècle après la défaite politique des Blancs racistes, elle est, encore à la croisée des chemins. Ce 1er Septembre est un jour de honte que les sud-africains conscients et responsables doivent dénoncer.