Le candidat Ousmane Sonko a lancé sa campagne électorale.

Les néophytes en politique commencent toujours par adopter des slogans, des profils de rupture et de démarcation et s’engagent naïvement à réformer la manière de faire de la politique et de gérer l’État. Mais à force d’avancer, ils se rendent compte que c’est plutôt le système qui finit par les réformer, eux, avant de les absorber. Le leader du Pasteef, Ousmane Sonko en est la parfaite illustration.

Vautré dans ses draps d’une blancheur candide, le néophyte avait débuté sa procession politique par une fatwa qui légitimait l’application de la peine de mort, à l’encontre de tous les anciens présidents du Sénégal de 1960 à nos jours. Pour être pris au sérieux, il se vantait publiquement d’avoir refusé de prendre l’exilé volontaire de Doha, Karim Meïssa Wade au téléphone, de peur d’être souillé par les pêchés d’un voleur des deniers de l’État. Confronté à la dure réalité socio-politique, Sonko inaugure ses chantiers immenses de “Wakhwakhète” (reniements en Wolof).

Les mains tendues vers le ciel, le Blé Goudé du Sénégal (ils dirigent tous les deux des jeunes qui se font appeler : Les Patriotes), jure de ne jamais vouloir fusiller Senghor, Diouf et moins encore Wade avec lequel, il projetait de tisser une alliance stratégique, pour battre le président Macky Sall. Il change de discours et se met à ménager Me Wade et famille. Le Système (qui date de 1960 -année de l’indépendance-) se réduit désormais à l’ère Macky Sall.

Galvanisé par l’ardeur des primo-votants et autres islamistes en quête d’un calife utopique, l’émir Sonko tire sur tout ce qui bouge dans le maquis et fusille -verbalement- son ancien collègue, actuel directeur général des Domaines, M. Mamour Diallo, qu’il accuse, à travers les médias, d’avoir détourné 94 milliards de FCFA, via le bradage des biens de l’État.

Le stratagème populiste échoue lamentablement. Il s’est avéré non seulement, que le marché visé ne s’est pas passé comme l’avait présenté Sonko qui finit par recourir au système du “Wakhwakhète” (se dédire chaque fois que de besoin). Il déclare récemment, lors d’une conférence de presse que : ” Ce sont 46 milliards de Francs CFA (au lieu des 94 milliards) qui auraient été décaissés et logés dans un compte qu’il aurait déjà identifié “.

La presse d’investigation qui s’est intéressée au dossier, notamment Dakar Times, dirigé par le tonitruant Mouth Bane, jugé comme proche d’Idrissa Seck ou de Karim Wade, révèle qu’Ousmane Sonko, par le truchement de son propre cabinet ATLAS s’est proposé pour jouer un rôle de courtage avant de filer l’affaire à un autre cabinet (Merkalis), créé et géré par son associé (ou prête-nom) et ancien collègue Ismaïla Bâ. Le but visé : empocher, de cette même affaire, une commission de 11. 379 979 080 FCFA !

La même presse révèle que du temps où il dirigeait le syndicat des Impôts et Domaines, de manière sectaire, Sonko a reçu beaucoup de lopins de terrains au nom du syndicat, qu’il se partageait discrètement, avec le groupe restreint de ses amis. Sa maison sise à la cité Keur Gorgui, aurait été acquise à la SCAP, lors d’une mission d’enquête que le chef des “Patriotes” effectuait dans cet établissement parapublic, en sa qualité de fonctionnaire de l’État. Bref, des dossiers qui prouvent, s’il en était encore besoin, que le leader de Pasteef, n’a pas les mains propres et qu’il se serait largement servi du système, qu’il prétend maintenant combattre.

Sous la dictée des membres du Front Anti-CFA, Ousmane Sonko avait déclaré péremptoirement, que ” le Sénégal allait quitter la Zone CFA, s’il arrive à se faire élire en 2019 “. Faisant fi de la continuité de l’État, il menace “ de réviser tous les contrats miniers, signés avant sa prochaine arrivée au pouvoir…“. Aujourd’hui, le candidat Sonko commence à payer cher ces dérapages populistes, dus à son manque d’expérience et d’expertise politiques, mais aussi, à une boulimie précoce du pouvoir ; ce qui lui fait perdre, jour pour jour, beaucoup de militants jeunes, jadis acquis à sa cause.

 

Liaisons dangereuses avec Pierre Goudiabi Atépa

Au nom d’une solidarité régionaliste ou d’intérêts nébuleux, Pierre Goudiabi Atépa, candidat malheureux à la Présidentielle, architecte et homme d’affaires de renom, tombe sous le charme de Sonko. Ce dernier lui offre ses services : ameublement de son siège prétendument “saccagé” par des inconnus, un véhicule pour la campagne électorale, son carnet d’adresse et ses réseaux.

À propos de Pierre Goudiabi Atépa, la revue “Études islamiques” de feu El Hadj Cheikh Touré avait publié, vers les années 80, un article incendiaire où Goudiabi Atépa était présenté comme appartenant à une loge maçonnique nord-américaine. La presse locale sénégalaise avait aussi relaté que le célèbre architecte qui avait des démêlées avec ses collègues, dont notamment, l’architecte Cheikh Ngom, son ex-associé, avec qui il avait réalisé le siège de la BCEAO, agence nationale, était interdit de séjour en Guinée-Équatoriale, où il aurait réalisé pourtant d’importants projets.

Au Sénégal, Pierre Goudiabi Atépa a collaboré avec tous les régimes politiques, de Senghor à Wade, dont il fut le conseiller. Certains disent qu’il aurait été derrière tous les grands projets dispendieux du Président Wade, parmi lesquels, le Monument de la Renaissance africaine qui aurait coûté plus de 12 milliards de FCFA ! Seul, le président Macky Sall a échappé à son contrôle.

Pourtant, en 2010, Me Wade le chasse du Palais, l’accusant d’aiguillonner, d’une part la rébellion de la Casamance (sa région d’origine) et d’autre part, d’offrir au président Wade sa médiation pour le règlement du conflit qui paralyse la région méridionale du pays depuis 1983.

La question que tous les analystes se posent est de savoir, comment se fait-il que M. Sonko, qui s’acharne quotidiennement contre le système, puisse s’allier avec l’homme qui incarne toute la tortuosité du même système ? Certains d’entre eux, n’ont pas exclu, le début d’une alliance des cercles du feu : extrémisme religieux et rébellion régionaliste.

Sonko, taxé de salafisme, compte dans les rangs de son parti et autour de sa candidature, la majorité des jeunes salafistes du Sénégal. Cette liaison dangereuse, avec Pierre Goudiabi Atépa comporte, selon les observateurs, les germes d’une menace réelle pour la paix et la stabilité, d’un pays, qui, pourtant, a toujours connu des joutes électorales pacifiques.