Nouvelle escalade de violences dans les régions anglophones du Cameroun. Au moins onze personnes dont cinq soldats tués le week-end dernier. La situation sécuritaire s’est considérablement dégradée dans les régions anglophones du Cameroun depuis l’annonce de la présidentielle du 7 octobre prochain.
Au cours de cette attaque perpétrée par des individus non identifiés, un sous-préfet a également été enlevé. Jusqu’à ce lundi, les autorités camerounaises sont toujours sans nouvelles du sous-préfet de Menchum Valley, enlevé par des inconnus samedi dernier. C’est dans cette même zone de la région du Nord-ouest, plus précisément à Esu, que des affrontements sanglants entre hommes armés et forces de l’ordre ont fait 10 morts, dont quatre gendarmes et six assaillants.
Le président Paul Biya, 85 ans dont 35 au pouvoir, s’est déclaré candidat à un septième mandat consécutif.
Conflit armé ou mouvement de protestation ?
D’un mouvement de protestation pour obtenir plus de reconnaissance à la fin de l’année 2016 à un conflit armé que fuit en masse la population, un an plus tard. Dans le nord anglophone du Cameroun, “la situation s’est rapidement détériorée“.
” Les forces de sécurité camerounaises ont commis des violations des droits humains, dont des homicides illégaux, des exécutions extrajudiciaires, des destructions de biens, des arrestations arbitraires et des actes de torture durant des opérations militaires “, avait rapporté Amnesty International dans son dernier rapport sur ce conflit, publié en juin 2018. L’ONG y détaille notamment l’intervention brutale de l’armée, le 13 décembre 2017, dans un village. ” Des soldats camerounais, y compris ceux du Bataillon d’intervention rapide (BIR), ont bouclé le village de Dadi pour mener des opérations de ratissage et d’arrestation. L’armée prétendait que le village abritait un camp d’entraînement des FDA (les Forces de défense d’Ambazonie, principal groupe séparatiste, NDLR)”, écrit Amnesty.
D’après l’ONG, cette opération de l’armée s’est soldée par “au moins 4 homicides illégaux” et “23 arrestations arbitraires” dont celles de “deux mineurs, cinq ressortissants nigérians et deux personnes souffrant de troubles mentaux”. Ces vingt-trois personnes ont été “conduites à la salle communale où elles ont été détenues en secret et torturées pendant trois jours”, lit-on dans le rapport. Les autorités camerounaises ont toujours démenti tout usage excessif de la force.