Un ministre sud-africain, Pravin Gordhan, a été accusé vendredi par la médiatrice de la République d’avoir violé la Constitution en cachant une rencontre avec la fratrie Gupta, au centre d’un scandale de corruption. Présenté comme « très apprécié des milieux des affaires », Gordhan a réagi en accusant Busisiwe Mkhwebane d’être « manifestement partiale ».
Pravin Gordhan « a reconnu ne pas avoir révélé », en 2018 au Parlement, une rencontre avec un membre de la famille Gupta en 2010, a affirmé vendredi la médiatrice Busisiwe Mkhwebane. Il a « délibérément induit en erreur l’Assemblée nationale », a estimé cette juriste indépendante chargée de contrôler notamment les agissements de l’exécutif.
Elle en veut pour preuve une déclaration faite récemment par Pravin Gordhan devant une commission anticorruption, où il a expliqué avoir oublié s’être entretenu avec un frère Gupta alors qu’il était ministre des Finances. « Je trouve cela peu plausible quand on sait l’importance du sujet », a estimé vendredi la médiatrice devant la presse.
Dans son rapport, Busisiwe Mkhwebane a aussi conclu que Pravin Gordhan était impliqué dans la création d’une unité illégale d’enquête, mise en place quand il dirigeait le fisc sud-africain (1999-2009).
Cette affaire empoisonne depuis des années Gordhan, qui a toujours assuré avoir créé cette unité avec l’aval du gouvernement pour lutter contre l’évasion fiscale, écrit l’AFP. La médiatrice, accusée par l’opposition d’être proche de l’ex-président Zuma, a ordonné à Cyril Ramaphosa de prendre sous dix jours « les mesures disciplinaires appropriées » contre Gordhan « pour avoir violé la Constitution et le code éthique de l’exécutif ».
Dans un communiqué cinglant, Gordhan a rappelé qu’en vertu de la Constitution, le bureau du médiateur doit être « indépendant, impartial, digne et efficace ». « À ce jour, il a échoué dans ces quatre domaines », a estimé le ministre.
Pravin Gordhan a occupé plusieurs portefeuilles ministériels pendant l’ère Zuma, dont le très convoité ministère des Finances. Il est actuellement chargé des Entreprises publiques dans le gouvernement du président Cyril Ramaphosa, qui a fait de la lutte anticorruption l’une de ses priorités. Hommes d’affaires à la réputation sulfureuse, les frères Gupta sont soupçonnés d’avoir bénéficié de faveurs du gouvernement sud-africain sous la présidence de Jacob Zuma (2009-2018).