Le Parlement burundais a approuvé un projet de loi qui étend la période d’enquête de la Commission vérité et réconciliation, lancée par le président burundais Pierre Nkurunziza.

Le Parlement burundais a approuvé lundi un projet de loi qui étend la période d’enquête de la Commission vérité et réconciliation (CVR) jusqu’à la Conférence de Berlin en 1885. Pour les députés burundais, il s’agira de déterminer le rôle de la colonisation sur l’unité des Burundais.

Établir la vérité sur les massacres interethniques ayant frappé le pays (1962-2008) est l’objectif principal derrière la création de la CVR. L’année 2008 est la date supposée de la fin de la belligérance armée dans le pays.

Mais le projet de loi adopté lundi étend la compétence de la CVR à une période remontant jusqu’au 26 février 1885, date à laquelle s’est achevée la Conférence de Berlin sur le partage de l’Afrique par les puissances coloniales. Ce texte a été approuvé lundi à l’unanimité par les 39 sénateurs. L’Assemblée nationale s’était également prononcée très largement en sa faveur jeudi (98 voix pour, 2 contre).

« Le constat est que l’origine des violences cycliques à caractère politique qui ont endeuillé le Burundi remonte au temps de la colonisation », a justifié la ministre de la Justice, Aimée-Laurentine Kanyana, en présentant ce projet devant le sénat. Une déclaration reprise par la presse internationale.

L’objectif est d’« établir les responsabilités de l’Allemagne (qui a colonisé le Burundi à la fin du 19e siècle) et surtout de la Belgique (qui a obtenu un mandat de tutelle sur le Burundi après la fin de la Première Guerre mondiale en 1918) dans la création et l’exacerbation des problèmes ethniques et des violences » depuis lors, a expliqué à l’AFP un cadre du Sénat, sous couvert d’anonymat.

Le Burundi a connu notamment à partir de 1972 une série de massacres interethniques et de coups d’État, prémices à une longue guerre civile (1993-2006) ayant fait plus de 300.000 morts.

Les relations avec la Belgique, en particulier, sont délétères depuis le début de la crise provoquée par l’annonce en avril 2015 par le président Pierre Nkurunziza de sa candidature à un troisième mandat controversé et sa réélection en juillet de la même année. Les violences qui ont accompagné cette crise ont fait au moins 1.200 morts et déplacé plus de 400.000 personnes entre avril 2015 et mai 2017, d’après les estimations de la Cour pénale internationale (CPI), qui a ouvert une enquête.