La Centrafrique a basculé dans la violence et le chaos en 2013, après le renversement du président François Bozizé par la rébellion de la Séléka, n’a toujours pas retrouvé la paix.

Six mois après la signature de l’accord de Khartoum entre le gouvernement centrafricain et 14 groupes armés, la paix tarde encore à revenir en Centrafrique. En cause, les attaques qui continuent contre les populations civiles, le « double discours » des rebelles et le trafic d’armes.

La Centrafrique, pays déchirée par les crises sécuritaires où treize accords se sont succédé en dix ans, a encore du mal retrouver la paix. « Aucun des cinq autres accords signés depuis le début de la crise, à la fin 2012, n’avait mobilisé autant d’efforts de la part des protagonistes nationaux et internationaux », rappellent les experts de l’ONU dans un récent rapport de suivi.

Des efforts qui tardent néanmoins à se concrétiser dans l’arrière-pays, toujours contrôlé à 80% par les groupes rebelles.

La situation militaire s’est stabilisée depuis février. Mais en province, les combats entre groupes armés et les attaques sur la population civile se poursuivent. Meurtres, viols, braquages, détentions arbitraires, attaques sur les personnels humanitaires… Entre 10 et 70 violations de l’accord sont enregistrées chaque semaine par la Mission de l’ONU en République centrafricaine (MINUSCA).

« Rien ou presque ne vient prouver que les combattants aient véritablement changé de comportement ou que leurs chefs aient entrepris d’identifier et de sanctionner les coupables », estiment les experts de l’ONU dans leur rapport.

Seule force capable de se déployer rapidement dans le pays pour s’opposer aux violences, la MINUSCA privilégie le « dialogue » à l’action militaire depuis la mise en œuvre de l’accord. Une position parfois difficile à concilier avec son mandat de protection des populations civiles. Les troupes onusiennes sont intervenues en avril pour dégager le corridor économique Cameroun-Bangui, temporairement bloqué par les miliciens du FPDC d’Abdoulaye Miskine.

Mais elles n’ont pas utilisé la force contre les éléments du groupe 3R, responsables du massacre de 46 civils le 22 mai à Paoua, dans le nord du pays. Une décision qui a suscité l’incompréhension de nombreux Centrafricains, qui attendent des mesures plus fermes pour mettre un terme aux exactions.

Pour rappel, et bien que passibles de poursuites judiciaires, plusieurs chefs de groupes armés ont été intégrés au nouveau gouvernement « inclusif » formé le 3 mars 2019, comme s’y était engagé le pouvoir centrafricain à Khartoum. Mais certains de ces leaders se montrent peu enclins à respecter les dispositions prévues par l’accord.

Parmi elles, la participation au processus de « désarmement, démobilisation, réinsertion et rapatriement » (DDRR) lancé en décembre 2018. Plus de 450 miliciens appartenant à des groupes de moindre envergure ont été désarmés dans l’ouest, une zone où l’autorité de l’État centrafricain commence timidement à se rétablir.