Depuis le 15 janvier 2016 et l’attaque du Cappuccino au cœur de la capitale burkinabé, le « pays des hommes intègres » est dans l’œil du cyclone terroriste. Hier(2 mars 2018) deux attaques meurtrières ont ciblé l’ambassade de France et l’Etat-Major général des Armées. Le bilan : 16 morts et 80 blessés.Il est beaucoup moins lourd que celles des attaques contre le Cappuccino(30 morts) et contre le restaurant « Aziz Istanbul »(19 morts, août 2017). Mais il démontre que les terroristes ont vraiment déclaré la guerre au Burkina et y opèrent assez facilement et, en plein jour.
Les attaques d’hier ont commencé au milieu de la matinée et auraient pu décimer le commandement militaire de l’Armée. En effet une réunion(regroupant de hauts responsables) devait se tenir dans une salle qui a été visée et détruite dans l’attaque. Heureusement la réunion avait été déplacée au dernier moment dans une autre salle.
De là à penser que les terroristes étaient bien informés et avaient choisi leur moment en conséquence ; il y a un pas logique à franchir. Il s’y ajoute qu’il y a quelques jours le procès des militaires ayant trempé dans le coup d’État pour renverser le nouveau régime avait été renvoyé sine die.
À l’évidence le Burkina n’est toujours pas guéri « des secousses post-chute du régime de Blaise Compaoré ». Ce dernier avait noué une sorte de pacte avec les terroristes qui épargnaient son pays et donnaient même le rôle de négociateur au président du Faso dans toutes les affaires louches de la sous-région(libération d’otages, crises politiques etc…).
Aujourd’hui les terroristes font payer au nouveau régime son manque de « coopération » et son alignement sur la France. Nul ne doit s’y tromper : c’est la France qui est visée avec ses partenaires.
Le président Macron qui avait choisi de se rendre au Burkina pour une visite historique et de favoriser la mise sur orbite du G5 Sahel a bien compris l’impératif pour Paris de soutenir la lutte anti-terroriste au Sahel et en Afrique en général.
C’est bien le destin du monde libre qui se joue, et avec, celui des peuples qui veulent vivre en paix et dans le respect de leur choix confessionnel ou pas.
Le Burkina est, avec le Mali, un des maillons faibles de la région. Il s’agit d’un manque de moyens mais aussi des conséquences d’une crise politique interne qui mine le pays. L’héritage nébuleux de Compaoré est un boulet. Les nouvelles autorités n’ont pas les coudées franches pour de nombreuses raisons : manque de moyens, participation au régime précédent, réveil des pro-Compaoré etc.
La purge nécessaire n’a pas été menée jusqu’au bout et il semble difficile de rattraper cela. Le fait que le procès des putschistes n’ait pas pu avoir lieu, pour le moment, suscite une inquiétude légitime. La nouvelle attaque terroriste, aussi.
Vivement la mise en branle du G5 Sahel. Mais ce ne sera pas la panacée.