Des hommes armés ont lancé une attaque meurtrière dans la nuit de mardi à mercredi contre la base militaire de Blabrine au nord de Diffa, dans le sud-est du Niger. La base militaire est située dans une zone frontalière du Nigeria, où sévit le groupe terroriste Boko Haram.
Un haut fonctionnaire de Diffa, cité par l’AFP, a confirmé cette attaque, déclarant qu’il « y a eu des morts et du matériel militaire brûlé » sans pouvoir donner dans l’immédiat davantage de précisions. « La compagnie militaire de Blabrine (à une quarantaine de km de N’Guigmi) a été visée hier nuit. On ne maîtrise pas encore la situation », selon une autre source municipale.
Le 19 octobre, le maire de Kabaléwa, une commune proche de N’Guigmi, et son épouse ont été enlevés par des membres de Boko Haram. Fin mars 2019, au moins dix civils ont été tués dans un attentat-suicide et une attaque de Boko Haram à N’Guigmi même. Après une accalmie fin 2018 dans la région de Diffa, les attaques de Boko Haram sont devenues à nouveau récurrentes depuis mars.
La région a connu d’innombrables attaques depuis février 2015 et le groupe terroriste nigérian a déjà mené des opérations d’envergure par le passé, prenant le contrôle de la ville et de la base de Bosso en 2016.
La région de Diffa abrite 120.000 réfugiés nigérians, 30.000 Nigériens revenus du Nigeria et environ 110.000 déplacés internes, fuyant tous les exactions de Boko Haram, selon des chiffres publiés par l’ONU en octobre.
Le Niger, un des pays les plus pauvres du monde, qui est confronté à Boko Haram dans le Sud-Est, doit également faire face aux groupes terroristes sahéliens à l’Ouest dans sa zone frontalière avec le Mali.
Les régions de Tillabéri et Tahoua (ouest) accueillent 150.000 réfugiés et déplacés en raison des violences qui ont fait des centaines de morts.
« Il ne se passe pas un jour sans perte humaine (dans la sous-région Mali, Niger, Burkina), nous assistons à la banalisation de la violence, à la terreur au quotidien », avait rappelé en septembre le président nigérien Mahamadou Issoufou, soulignant « l’urgence » de la situation alors que « la menace s’étend vers le sud ».
Il avait appelé à la mise en place d’une « coalition internationale de lutte contre le terrorisme au Sahel et au lac Tchad à l’image de la coalition qui a été mise en place pour lutter contre Daech au Moyen-Orient ». Le Niger accueille déjà des bases militaires française dans le cadre de l’opération anti-terroriste Barkhane et américaine.