Le tout nouveau président en exercice de l’Union africaine, Abdel Fattah Al-Sissi a présidé hier au Caire deux sommets, en présence de dirigeants du continent pour évoquer en urgence les crises au Soudan et en Libye.
D’après un communiqué de la présidence égyptienne M. Al-Sissi a reçu ses homologues Idriss Déby (Tchad), Ismaïl Omar Guélleh (Djibouti), Paul Kagamé (Rwanda), Denis Sassou-Nguesso (Congo), Mohamed Abdullahi Mohamed (Somalie) et Cyril Ramaphosa (Afrique du Sud) pour un sommet sur le Soudan.
Pour rappel, l’Union africaine avait donné mi-avril un ultimatum de 15 jours au Comité militaire de Transition pour remettre le pouvoir aux civils, sous peine d’une suspension de l’organisation continentale. Depuis lors, la situation n’a guère évolué vers le bon sens. Les militaires continuent à multiplier les promesses, sans jamais rien faire de concret.
Il est vrai qu’on a parlé depuis quelques jours du transfert d’El-Bachir à la prison de Kobar, à Khartoum, puis de fortes sommes de devises trouvées chez lui, mais les manifestants restent sur leur faim : “Le Général Burhan et ses hommes ne sont que les continuateurs du régime El-Bachir, duquel ils sont issus“, continuent-ils de scander devant le QG de l’Armée.
Le mini-sommet du Caire servira-t-il à faire bouger les lignes ? Nul ne le pense d’autant que le nouveau président de l’UA se méfie d’une implication poussée au Soudan voisin, où la moindre action de sa part, pourrait être taxée d’ingérence dans les affaires intérieures d’un pays voisin avec lequel, les relations ne sont pas au beau fixe.
Un autre mini-sommet s’est tenu également au Caire dans la journée d’hier sur la Libye. Il a réuni autour de M. Al-Sissi, les présidents du Rwanda et d’Afrique du Sud ainsi que celui du Congo, M. Denis Sassou-Nguesso, président de la commission sur la Libye à l’UA. On a également noté la participation du président de la Commission de l’UA, Moussa Faki dans ce mini-sommet.
Il s’agit là des premières réunions de dirigeants africains de ce niveau sur le Soudan et la Libye. Des responsables éthiopiens, sud-soudanais, ougandais, kényan et nigérian eux aussi pris part aux discussions. Leur objectif était de tenter d’endiguer la crise en Libye, où le maréchal Khalifa Haftar a lancé une offensive contre la capitale Tripoli depuis le 4 avril, a précisé la présidence égyptienne.
Là aussi, la tâche n’est pas du tout facile pour Al-Sissi et ses collègues, dans la mesure où le président égyptien est perçu comme un allié de taille pour le maréchal de Benghazi (Khalifa Haftar), ce qui rend sa médiation difficile voire impossible.
Cependant, il importe de souligner que la crise libyenne souffre d’un manque de transparence, imputable à une erreur d’appréciation de la communauté internationale, qui n’avait pas tenu compte de la force du maréchal Haftar, lors de l’implantation du Conseil présidentiel, dirigé par Fayez Al-Sarraj.
Il faudrait nécessairement avoir le courage de rectifier le tir, en impliquant le maréchal Haftar dans le processus de pacification en Libye. Cet homme est incontournable pour le retour de la paix dans le pays. Les forces militaires dont il dispose et ses relations très fortes avec les Émirats arabes unis, l’Arabie Saoudite et les États-Unis d’Amérique font du maréchal Haftar, un interlocuteur majeur dans tout effort de médiation en Libye. Ghassan Salamé, l’envoyé spécial de l’Onu en Libye, ne dira pas le contraire.