Nommé « haut représentant » du président Alpha Condé depuis 2015, Sidya Touré a démissionné, sans crier gare. Il justifie son volte-face par ses frustrations, à la tête d’un poste où il « n’arrivait à rien faire ».
Le moins qu’on puisse dire est qu’il a donc accepté d’avaler des couleuvres pendant longtemps et de subir, sans broncher.
Les explications de Touré sont légères et ne peuvent convaincre personne.
L’évident est que le leader de l’UFR (union des forces républicaines) prend date pour les législatives de 2019 et les présidentielles de 2020, auxquelles, sans modification de la Constitution, le président Alpha Condé ne peut participer.
Ancien faiseur de roi, Sidya Touré qui a fait pencher la balance du côté de Condé, contre Cellou Dalein Diallo de l’UFDG (union des forces démocratiques de Guinée), reprend sa liberté pour négocier avec le plus offrant. Auparavant il avait fait alliance avec Dalein contre Alpha, avant de retourner sa veste.
Mais, cette fois sa rebuffade pourrait lui coûter cher car sa crédibilité est écornée. L’ancien directeur de cabinet de Alassane Ouattara, alors premier ministre de la Côte d’Ivoire qui présentait l’image respectable du technocrate qui en impose par sa science, apparaît maintenant comme un vulgaire politicien chasseur de primes.
Il est vrai que sur l’échiquier guinéen où l’ethnicisme joue un rôle important, il n’a aucune chance (mathématique) de battre Dalein Diallo ou Alpha Condé. Les Soussous (son ethnie) sont moins nombreux que les Malinkés de Condé et les Peuls de Diallo. D’où sa position de « faiseur de roi » qui va demeurer, malgré tout. Car tout le monde a besoin de lui et il a l’embarras du choix.
Il va, très certainement, faire monter les enchères et les critiques à son encontre seront toujours mesurées. Personne n’est fou pour insulter l’avenir. Les uns et les autres vont observer ses moindres faits et gestes pour deviner ses intentions.
En vérité il met la pression sur Alpha Condé qui cherche à trouver les voies et moyens de « légitimer » sa candidature à un troisième mandat, s’il était resté à son poste, Sidya Touré aurait cautionné, de facto le « coup d’état constitutionnel » que Condé aurait fait.
En prenant les devants, en claquant la porte, Touré a surpris ses alliés et, il bascule dans l’opposition. Dans ses premières déclarations il critique sévèrement le bilan du régime, en essayant de s’en extraire. Vaine tentative !
Sidya Touré, haut représentant de Alpha Condé est aussi comptable du bilan de ce dernier. Il ne peut pas se refaire une virginité d’ici les mois qui suivent pour les législatives et, même pas en 2020 pour la présidentielle.
L’homme a cependant de la ressource et sait comment rebondir, à chaque fois que nécessaire. Comme disait le politicien français Edgar Faure : « ce n’est pas la girouette qui tourne , c’est le vent ».