Le chef de la diplomatie turque Mevlüt Cavusoglu a promis samedi à Tripoli une enquête et « des mesures fermes » après la saisie cette semaine dans un port libyen de deux conteneurs d’armes et de munitions en provenance de Turquie.
Selon les autorités libyennes, ces armes et munitions ont transité dans des conteneurs censés être chargés de matériaux de construction. « Nous commençons une enquête pour déterminer comment les armes ont été chargées dans les conteneurs et comment elles sont entrées en Libye », a déclaré le ministre turc.
Selon le chef de la diplomatie turque, Mevlüt Cavusoglu, les autorités turques vont prendre des « mesures fermes » à ce sujet, et ce lors d’une conférence de presse conjointe avec son homologue libyen Mohamad Siala.
Devant la presse, le ministre turc a accusé des pays arabes et occidentaux qu’il n’a pas nommés d’envoyer des « chars, des missiles et des drones » en Libye, en allusion semble-t-il au soutien militaire dont bénéficie le maréchal Haftar.
Le chef du Gouvernement d’union nationale (GNA) libyen reconnu par la communauté internationale, Fayez al-Sarraj, a exprimé de son côté « sa profonde préoccupation », au sujet de la cargaison d’armes saisie, en recevant le ministre turc, selon un communiqué du GNA, relayé par la presse internationale. Le ministre turc a assuré de son côté que son gouvernement « refuse ces actes qui ne représentent pas la politique de l’État turc ». Au cours de cette entrevue, Tripoli et Ankara ont convenu d’ouvrir « une enquête commune ».
Plongée dans le chaos depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011, la Libye est dirigée par deux entités rivales : le GNA, basé à Tripoli, et un cabinet parallèle installé dans l’Est et soutenu par le maréchal Khalifa Haftar.
L’armée nationale libyenne (ANL), autoproclamée et dirigée par Khalifa Haftar, a appelé jeudi les Nation unies à « ouvrir immédiatement une enquête » au sujet des cargaisons d’armes saisies.
Après la chute du régime de Kadhafi et en raison du chaos qui a suivi, l’ONU impose depuis 2011 un embargo sur les armes à destination de la Libye, mais ses experts ont malgré tout signalé de nombreuses livraisons d’armes à des factions libyennes, venant du Soudan, d’Égypte, de Turquie ou des Émirats arabes unis.
L’ANL accuse régulièrement le Qatar, la Turquie et le Soudan de fournir des armes à ses rivaux, en particulier islamistes, tandis que l’autre camp accuse les Émirats arabes unis et l’Égypte d’appuyer militairement le maréchal Haftar.