La présence des forces étrangères est de plus en plus considérée comme une occupation au Sahel.

Sous l’effet d’une guerre qui empire, les troupes étrangères au Sahel font face à un rejet apparemment grandissant chez les habitants du Burkina Faso, du Mali et du Niger. Ces forces sont de plus en plus considérées comme « des forces d’occupation » qui pilleraient les ressources africaines comme au temps des colonies.

« Il faut que le peuple français comprenne que la politique des dirigeants français sème la misère dans nos pays et pousse nos populations à émigrer chez vous », peut-on entendre dans une radio malienne. Les dirigeants de la région sont des « laquais nationaux aux ordres de Paris », lance l’animateur de « Radio patriote », cité par l’AFP.

Comme lui, ils sont de plus en plus nombreux à demander le départ des 4.500 soldats de l’opération Barkhane déployés au Sahel, des 13.000 Casques bleus de la Mission des Nations-Unies au Mali (MINUSMA) et d’autres partenaires présents, tous déployés au nom de la lutte antiterroriste et de la protection des civils.

Le 12 octobre, une cinquantaine de conteneurs de la Minusma ont été pillés dans le centre du Mali, selon l’AFP, alors qu’un millier de personnes se rassemblaient à Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso voisin, contre les « forces d’occupation ».

Au Niger, plusieurs manifestations contre la présence étrangère ont eu lieu depuis le début de l’année. Pour l’heure, cette contestation ne paraît pas coordonnée. Mais la critique est la même.

Face à une dégradation sécuritaire continue, notamment dans une large partie du Burkina Faso où les attaques sont désormais quotidiennes, « il y a une forme de fatigue et d’impatience », explique Ibrahim Maïga, chercheur à l’Institute for Security Studies. « L’insécurité ne recule pas malgré de nombreuses annonces de moyens mis à disposition », ajoute-t-il.

Un diplomate français à Bamako, cité par l’AFP, évoque une « incompréhension née de l’écart ressenti entre l’ampleur des moyens déployés et l’évolution sur le terrain ». Le caractère asymétrique du conflit, a fortiori sur un territoire « vaste comme l’Europe », rend les résultats de Barkhane « moins visibles du grand public qu’en 2012 », dit-il.

À l’époque, la menace était cantonnée dans le nord du Mali, et l’opération française Serval avait chassé les terroristes des principales villes du Nord, suscitant l’adhésion populaire malienne et française. Serval a été remplacée en 2014 par Barkhane qui traque les terroristes lors d’opérations ciblées au Sahel.